Attentat contre l’ambassade d’Indonésie à Paris : un homme en garde à vue

Attentat contre l’ambassade d’Indonésie à Paris : un homme en garde à vue

Le Monde, 12 octobre 2004

Les enquêteurs de la brigade criminelle ont établi que l’engin explosif utilisé contre l’ambassade d’Indonésie était de conception rudimentaire, ce qui rappelle le mode opératoire des attentats de 1995.
Un suspect a été placé en garde à vue, dimanche soir 10 octobre, dans l’enquête sur l’attentat à la bombe qui a visé vendredi l’ambassade d’Indonésie à Paris, a-t-on appris lundi de source judiciaire.

Il s’agit d’un homme se disant camerounais et qui serait l’auteur du courrier électronique signé du Front islamique français armé (FIFA). Ce courriel envoyé au commissariat du 16e arrondissement revendiquait l’attentat qui a fait dix blessés légers. Les policiers de la brigade criminelle ont interpellé le suspect dans un cybercafé de la région parisienne d’où avait été envoyé cet e-mail.

Devant les policiers, l’homme a reconnu avoir envoyé le courriel de revendication, ainsi que plusieurs autres messages qui menaçaient la France, avant les faits. Toutefois, il n’aurait fait aucune déclaration sur l’attentat lui-même.

La police n’a pas établi avec certitude la nationalité et l’identité du suspect, dont la garde à vue, qui peut durer jusqu’à quatre jours en matière de terrorisme, a été prolongée lundi soir.

L’adresse Internet utilisée pour l’e-mail de revendication était « [email protected] ». Un premier courriel signé du FIFA avait été envoyé au consulat de France à Marrakech quelques jours avant l’attentat, précise-t-on de même source.

REVENDICATIONS

Dans ses messages, le FIFA exigeait la libération de Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem, condamnés pour leur participation à des attentats commis en 1995 en France et revendiqués par le Groupe islamique armé (GIA) algérien.

Dans l’e-mail envoyé au consulat de France à Marrakech, il réclamait également l’abrogation de la loi interdisant le port de signes religieux à l’école et demandait à Paris d’appuyer l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

Le message de revendication demandait aussi à la France l’interdiction de toute publication visant à « saboter l’islam en France », comme le livre de Michel Houellebecq Plateforme.

Le FIFA menaçait aussi la France d' »actions nouvelles plus sanglantes que jamais » au-delà d’une trêve promise jusqu’au 30 janvier 2005.

Les enquêteurs de la brigade criminelle ont établi que l’engin explosif utilisé contre l’ambassade d’Indonésie était de conception rudimentaire (une bonbonne de gaz placée dans un sac de sport), ce qui rappelle le mode opératoire des attentats de 1995.

Le laboratoire de police technique et scientifique poursuivait lundi les expertises pour déterminer la nature du mélange explosif et du système de mise à feu.

Avec Reuters