Un ex-colonel algérien raconte la « manipulation » des islamistes par l’armée

Un ex-colonel algérien raconte la « manipulation » des islamistes par l’armée

Jeune Afrique (l’intelligent), AFP, 18 septembre 2003

Mohammed Samraoui, ex-colonel des services de renseignement algérien aujourd’hui réfugié en Allemagne, a témoigné jeudi à Paris de la « manipulation des islamistes par les services secrets » d’Alger, thèse qu’il défend dans son livre « Chronique des années de sang ».
Agé de 50 ans, cet officier a notamment été l’adjoint du responsable de la Direction du contre-espionnage (DCE) Smaïn Lamari de 1990 à 1992, avant d’être nommé responsable de la Sécurité militaire (SM) en Allemagne, pays où il a finalement choisi de déserter en 1996 et où il vit comme réfugié politique.

Sorti jeudi aux éditions Denoël, son ouvrage est sous-titré « comment les services secrets ont manipulé les groupes islamistes ».

Sa thèse: les groupuscules islamistes violents ont été instrumentalisés par les services secrets bien avant et longtemps après l’interruption du processus électoral de janvier 1992 – censé préserver le pays face à l’ascension du FIS (Front islamique de salut) – de manière à terroriser le peuple et présenter l’armée comme le seul recours.

De manière précise, citant les dates des faits qu’il rapporte, les noms des militaires qu’il cite, Mohammed Samraoui raconte comment tel ou tel petit voyou s’est du jour au lendemain retrouvé « émir » dans le maquis, selon lui avec l’aide de l’armée, comme le sanglant Djamel Zitouni, ex-chef du Groupe islamique armé (GIA) qu’il estime être un terroriste « à la solde des généraux ».

« Il est hors de question de nier les crimes des islamistes, de les absoudre », s’est-il défendu à l’occasion d’une conférence de presse, tout comme il a nié appartenir à « aucun parti » algérien. « Ce livre coïncide avec la pré-campagne électorale (la présidentielle du printemps 2004, ndlr) mais c’est un hasard total », a-t-il aussi assuré.