Sit-in, aujourd’hui, des avocats d’Alger
par Saaïdia Houari, Le Quotidien d’Oran, 18 juin 2007
Un sit-in est prévu, aujourd’hui, par les avocats du barreau d’Alger, devant le nouveau siège de la cour de la capitale. En grève depuis quelques jours pour protester contre «les entraves et les atteintes aux droits de la défense», le plus grand barreau d’Algérie, avec un effectif de 3.000 avocats, veut, à travers ce rassemblement devant le nouvel édifice de la cour d’Alger, maintenir la pression sur l’Administration de la justice pour faire aboutir ses revendications.
Le choix du lieu du rassemblement n’est pas fortuit: «les avocats veulent dénoncer, haut et fort, le fait qu’ils ont été privés d’un espace propre à eux, au sein de cette nouvelle cour», selon Maître Chorfi Cherif, membre du Conseil de l’ordre de ce barreau.
En fait, c’est un «espace exigu», selon eux, et «inadéquat» qui leur a été affecté alors que, souligne Maître Chorfi, «nous avions convenu avec le ministère de la Justice, par le biais des chefs de la cour d’Alger, avant la pose de la première pierre de l’édifice, de la réservation d’un espace approprié et convenable pour les avocats».
Soulignant que «cela est loin d’être le point fondamental de notre plate-forme de revendications», l’avocat regrette, néanmoins, que «le ministère n’ait pas respecté ce qui était convenu». L’essentiel des revendications du barreau se rapporte, selon son conseil, aux «diverses et multiples entraves à l’exercice de la profession sacrée de la défense». Entre autres exemples, les avocats citent «les difficultés et la lenteur générée par la réservation d’un guichet unique au niveau des cours et des tribunaux, qui sont reliés par réseau Intranet, et les dysfonctionnements dans le système de traitement des dossiers, au tort du droit sacro-saint de la défense». La plate-forme de revendications soumise par les avocats comporte aussi des doléances portant, notamment, sur la nécessité de respecter les droits de la défense et la dignité de la profession ainsi que l’arrêt des poursuites judiciaires à l’encontre de 39 d’entre eux.
Par ailleurs, l’Association nationale des anciens bâtonniers (ANAB), présidée par Maître Bachir Benabdessadok, ex-bâtonnier d’Oran, a, dans un communiqué qui fait suite à une assemblée extraordinaire de son bureau national, exprimé son «inquiétude suite à la dégradation des relations entre les barreaux et l’Administration de la justice». Considérant que cette situation est «la conséquence d’écarts injustifiés entre les représentants d’institutions collaborant dans l’exécution d’une mission», l’ANAB a appelé les parties concernées à la reprise urgente du dialogue et à privilégier la concertation, seuls modes d’approche compatibles avec une saine conception de l’oeuvre de justice».
L’action de protestation prévue, aujourd’hui, par le barreau des avocats d’Alger, intervient à trois jours de la conférence nationale du Conseil national des barreaux, prévue les 21 et 22 juin à Alger, un rendez-vous qualifié d’important, voire de décisif, quant à la suite du mouvement de protestation des robes noires.