Prochaine grâce des «prisonniers politiques» oubliés de l’ex-FIS

Prochaine grâce des «prisonniers politiques» oubliés de l’ex-FIS

El Watan, 29 août 2014

Le projet d’amnistie générale au profit des groupes armés, cher au président Bouteflika, n’ayant pas pu se concrétiser vu les résistances à l’intérieur du régime et dans la société civile, c’est à dose homéopathique que le pouvoir tente d’élargir le champ d’intervention de la «réconciliation nationale».

Dans les semaines à venir, un nouveau dossier sera traité par la justice civile et militaire, il s’agit des «prisonniers politiques», termes utilisés par leurs avocats pour désigner des personnes arrêtées juste après l’interruption du processus électoral en janvier 1992, jugés par un tribunal militaire ou par les cours spéciales de l’époque et qui n’ont bénéficié d’aucune mesure de la rahma, de la concorde ou de la charte.

Selon les avocats de cette catégorie de prisonniers, civils et militaires accusés de sympathie avec l’ex-FIS ou d’adhésion au parti dissous, ils seraient environ 200 individus emprisonnés depuis la période 1992-1995, mais c’est un chiffre provisoire. «Il est difficile de fixer un nombre exact, nuance le conseiller juridique Amar Khababa qui suit de près ce dossier.

Car certains ont été jugés pendant l’état de siège, d’autres par les cours spéciales, le reste par les tribunaux militaires et ils ont été condamnés à de lourdes peines, de la perpétuité à la peine capitale, après ils ont été complètement oubliés et aucune mesure clémente ne les a concernés depuis près de 22 ans.» Maître Mustapha Ghezal, coordinateur des familles des «prisonniers politiques» a même déclaré de son côté à El Khabar qu’une délégation politique sera reçue par les services de la présidence de la République pour faire avancer ce dossier. A savoir que trois détenus sous ce régime ont été libérés cet été pour raison de maladie et d’âge avancé, dont l’un est âgé de 86 ans.

Ces libérations, que le ministère de la Justice étudie au cas par cas, interviendraient également suite aux sollicitations de Madani Mezrag, chef de l’ex-AIS et de Hachemi Sahnouni de l’ex-FIS, formulées à l’occasion de leurs rencontres avec Ahmed Ouyahia lors des consultations autour de la révision constitutionnelle. «Il faut que ces détenus bénéficient d’une grâce présidentielle spéciale.

Certains prisonniers deviennent fous, il y aussi parmi eux des amputés, des aveugles et des malades chroniques, confie maître Khababa, c’est une question humanitaire d’urgence, d’autant qu’on a pardonné – dans le cadre des lois de la réconciliation nationale – des actes plus graves qu’une adhésion au FIS ou la création de cellules secrètes («les cellules fax») après la désobéissance civile de 1991.»
Adlène Meddi