Ouargla: Lourdes peines contre les animateurs du mouvement citoyen

PROCÈS DE OUARGLA

Lourdes peines contre les animateurs du mouvement citoyen

Le Soir d’Algérie, 26 octobre 2004

Huit mois de prison ferme pour Hafnaoui Ahmed, Termoun Abdeslam, Larbi Tahar et Tahri Slimane. Hafnaoui Ghoul qui était en prison le 4 juin dernier a été relaxé. Les autres délégués ont écopé de six mois de prison ferme et six avec sursis. Tel est le verdict prononcé hier par le tribunal correctionnel de Ouargla à l’encontre de ceux qui sont considérés comme étant le noyau dur du Mouvement du Sud pour la justice. Le procureur avait requis une année de prison ferme pour l’ensemble des détenus.
Saïda Azzouz – Alger (Le Soir) – Le verdict a été rendu hier après la rupture du jeûne. Le procès qui aura duré près de dix heures non-stop a été sanctionné par une lourde sentence. « Pourtant, son déroulement laissait entrevoir une bonne issue. Les interventions du juge et les plaidoiries des avocats nous ont donné bon espoir. On savait que Abdeslam, Hafnaoui, Tahar et Slimane risquaient la prison ferme, mais on ne s’attendait pas à une si lourde peine », confie l’un des frères de Termoun Abdeslam que nous avons joint hier soir. Tout comme les membres de sa famille, il espérait que le juge prononcerait tout au plus six mois de prison ferme, sinon une peine plus lourde mais avec sursis. « Cela fait cinq mois qu’ils sont en prison, n’est-ce pas suffisant ? » s’interroge un autre des frères Termoun, qui, lui, trouve la situation risible. « Ils sont inculpés et jugés pour activité dans une association non agréée. Alors, qu’on m’explique à quel titre ils étaient invités à prendre part aux réunions à la wilaya après les émeutes contre le chômage que cette ville a vécues en avril dernier? » Il ajoute que le document qui le prouve a été présenté au juge, qui, apparemment, n’en a pas tenu compte. Il est a préciser que Hafnaoui Ghoul est le porteparole du mouvement du Sud pour la justice, il a été acquitté parce qu’il se trouvait en prison le 04 juin dernier, jour du conclave de Ouargla. Assemblée qui a vu Termoun Abdeslam désigné comme porte-parole intérimaire. Il faut savoir que c’est à Labiodh- Sidi-Cheikh dont sont originaires Larbi Tahar et Slimane Tahri que s’est tenu en mars dernier le premier conclave du MSJ. Rencontre soldée par une plate-forme de revendications citoyennes transmise plus tard à tous les candidats à la présidentielle d’avril 2004. Presque tous les détenus se trouvent être aussi membres de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme. Hier, le tribunal correctionnel a prononcé six mois de prison ferme à l’encontre des délégués de Ouargla dont Termoun Taieb et Bensaci Zoubir. Un autre délégué de Labiodh-Sidi- Cheikh qui était en liberté provisoire a eu lui six mois avec sursis. Reporté une première fois le 11 octobre dernier, le procès des onze délégués détenus du mouvement du Sud pour la justice s’est déroulé hier sous haute protection au tribunal de Ouargla. La couleur était annoncée la veille quand des membres du Comité Benchicou pour les libertés, dont Belaïd Abrika, ont été refoulés de l’aéroport de Ouargla. Selon un témoin qui a assisté au procès, ce 25 octobre tout comme il y a quinze jours, l’accès à la salle d’audience du tribunal correctionnel de Ouargla se faisait sur présentation d’une pièce d’identité nationale. Pour rappel, dix délégués du mouvement citoyen du Sud sont incarcérés depuis plus de cinq mois, Hafnaoui Ahmed membre du Comité Benchicou pour les libertés a quant à lui été arrêté il y a quinze jours alors qu’il se trouvait à Ouargla pour assister au procès de son frère. Tous sont poursuivis pour « distribution de tracts portant atteinte à l’intérêt national » et « activité dans une association non agréée ».
S. A.