12 étudiants devant la justice aujourd’hui

Après une semaine de grève à l’école nationale supérieure vétérinaire

12 étudiants devant la justice aujourd’hui

Par : MALIKA BEN, Liberté, 30 mai 2010

Des convocations ont été remises par un huissier de justice à seulement 12 étudiants sur “plusieurs centaines” de grévistes pour se présenter ce matin au tribunal administratif d’Alger. Les étudiants interpellent le ministre de tutelle : “Nous ne sommes pas des criminels. Nous avons demandé nos droits.”

Du nouveau dans la grève illimitée des étudiants de l’École nationale supérieure vétérinaire. Le mouvement boucle aujourd’hui sa première semaine avec l’inattendue “sortie” de la direction du campus. En effet, le premier responsable de l’ENVS s’est tourné vers la justice en vue de se “réapproprier” les lieux. L’école a été assiégée dimanche dernier par les étudiants qui ont déclenché une grève illimitée. Le directeur, son staff administratif et les enseignants sont interdits d’accès depuis une semaine. Pour permettre la réouverture du campus et la reprise de l’activité pédagogique, l’avocat de l’école a introduit une action en justice. 12 étudiants, dont une fille, ont été convoqués jeudi dernier pour se présenter ce matin au tribunal administratif près la cour d’Alger. La requête introduite le 26 mai dernier en référé sous le numéro 1235/10 note que les 12 étudiants convoqués au tribunal “ont supervisé et géré une grève illimitée et illégale depuis le 23 mai dernier à 6h45 du matin, et ce, avec l’aide d’autres étudiants qui se comptent en centaines”. La requête confirme que “le premier responsable du campus, les enseignants et les travailleurs sont interdits d’accès jour et nuit comme le prouve le PV du huissier de justice”. La direction de l’ENSV avait pris le soin dès le premier jour du débrayage d’envoyer un huissier pour un constat. Il est également précisé dans la requête de deux pages que “cette grève a perturbé le bon fonctionnement administratif de l’école qu’ils occupent et a également perturbé le travail des enseignants et des fonctionnaires”. Et d’ajouter : “ce comportement illicite, qui a porté atteinte à l’école dont toutes les activités sont à l’arrêt, risque de faire aggraver les choses.” Pour tous ces arguments, l’école par le biais de son avocat demande d’ordonner aux étudiants grévistes de cesser d’interdire l’accès au directeur, à son staff administratif et aux enseignants, d’arrêter la grève illégale et de reprendre les cours en vue de protéger les biens de l’État, de veiller à la sécurité des enseignants et des travailleurs et de mettre un terme à une situation catastrophique en vue d’éviter le pire. Le recours de la direction de l’école nationale supérieure vétérinaire à la justice a soulevé un tollé au milieu des étudiants visiblement inquiets et déçus. Les grévistes n’arrivent pas à digérer le fait d’aller dans un tribunal. “Nous ne sommes pas des criminels pour que la direction nous traîne en justice. Nous ne sommes contre personne ; nous demandons nos droits”, regrette un gréviste.
Et d’ajouter pour prouver la bonne foi de ses camarades : “Nous veillons tous jour et nuit à la sécurité de l’école, à la prise en charge des animaux y compris leur nourriture par nos propres moyens financiers. Nous veillons même à la propreté des lieux.” Les étudiants s’interrogent, par ailleurs, sur quelle base les 12 étudiants ont été ciblés pour endosser la responsabilité. “Le mouvement de grève n’a pas été initié par 12 personnes seulement, mais par tous les étudiants de l’école et nous pouvons le prouver. Les non grévistes sont minoritaires.” Ils reprochent à leur direction d’avoir privilégié la justice au dialogue. Pour cela, “nous interpellons le ministre de l’enseignement supérieur en vue d’intervenir et de nous régler nos problèmes.” L’appel des étudiants sera-t-il entendu par Rachid Harraouabia ?