Alger saisie d’une demande française d’autopsie des cranes des moines de Tibhirine

Alger saisie d’une demande française d’autopsie des cranes des moines de Tibhirine

Lounes Ait Mohamed, Maghreb Emergent, 06 Août 2012

La justice française a adressé une demande aux autorités algériennes pour exhumer et opérer une autopsie sur les cranes des 7 moines de Tibehirine, assassinés en 1996. La requête est sur la table de Bouteflika, avancent des sources de la Cour suprême, citées par un journal londonien.

Le ministère algérien de la Justice a reçu une demande officielle de la part de la justice française pour recevoir une délégation conduite par le juge Marc Trévidic, chargé du dossier des moines assassinés à Tibhirine, au Sud d’Alger en 1996. Le magistrat français sera accompagné de ses collaborateurs et d’une équipe de spécialistes dans les enquêtes criminelles en vue de pratiquer une autopsie sur les cranes de 7 moines dont les corps n’ont pas été retrouvés à ce jour. Selon une source de la cour suprême algérienne, citée par le journal londonien Achark Al-Awssat, la réponse à la demande française est du seul ressort du président Abdelaziz Bouteflika. « La réponse à demande de la justice française sera tranchée au sommet de l’Etat », a indiqué la même source, précisant que « l’aspect judiciaire n’est qu’une vitrine pour ce dossier politique ». En effet, les autorités algériennes se montrent des plus irritables sur les versions qui mettent en cause l’armée algérienne. Selon la version des autorités algériennes, les moines ont été enlevés et exécutés par les éléments du Groupe Islamique Armé GIA, dirigé à l’époque par Djamel Zitouni qui a revendiqué l’assassinat. En 2009, un ancien attaché de défense français en poste à Alger a évoqué une « bavure de l’armée ». Le juge Marc Trévidic a adressé une commission rogatoire internationale à l’Algérie, rédigée le 16 décembre 2011, précisant sa demande d’autopsie et la vingtaine de témoins qu’il souhaite entendre sur place. Il prévoit de se rendre à Tibehirine afin d’exhumer les têtes et pratiquer une expertise ADN pour identifier les victimes. Au cas où les autorités algériennes donnent leur vert, l’autopsie sera effectuée avec deux médecins légistes, un expert en empreintes génétiques et un photographe de l’identité judiciaire.