Le cas Hassan Hattab, ex-“émir” du GSPC

Traitement spécifique du dossier du terrorisme

Le cas Hassan Hattab, ex-“émir” du GSPC

Liberté, 30 septembre 2017

Le dernier appel du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, depuis le Conseil de la nation, aux terroristes qui voudraient encore se repentir, fait ressurgir l’interrogation autour du cas du chef terroriste, l’ex-émir national du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), Hassan Hattab.
Ayant rendu les armes en septembre 2007 aux autorités militaires après de longues négociations, cet émir, natif de Rouiba et ayant déserté l’armée algérienne en décembre 1991, n’a jamais été physiquement traduit devant les tribunaux qui ont décidé, après sa reddition, de le juger et de le condamner par contumace. Le fondateur du GSPC est soustrait à la justice et aux feux de la rampe.
La seule explication que les autorités ont consentie quant au cas Hattab remonte à 2009 et elle est à mettre à l’actif du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales de l’époque, Noureddine Yazid Zerhouni. Ce dernier, pour rappel, interrogé par la presse en marge de la visite du président Bouteflika dans la wilaya de Blida, a affirmé que Hassan Hattab, alias Abou Hamza, a bénéficié d’un statut spécial. Un statut qui le met hors de portée de la justice. Aussi, la grande question qui se pose est de savoir si ce statut vaut amnistie.

Car, jusqu’au jour d’aujourd’hui, le bénéfice par Hattab des dispositions de la loi sur la charte et la réconciliation nationale n’a pas été déclaré officiellement. Tout ce que l’opinion sait, c’est que Hattab se trouvait, durant les mois qui ont suivi sa reddition, aux mains des autorités militaires. S’y trouve-t-il toujours ? Est-il quelque part en résidence surveillée ?

A-t-il été élargi ? Autant de questions qui restent sans réponse.
En effet, d’aucuns, les victimes du terrorisme, en premier lieu, s’interrogent toujours sur le sort réservé au chef terroriste auquel l’État a accordé un statut spécial. Pour rappel, avant de se rendre, Hassan Hattab s’est démarqué de ses acolytes, à commencer par Droudkel, dont il a condamné les actions terroristes, leur reprochant notamment de vouloir “transformer l’Algérie en un nouvel Irak”. Mais cette démarcation suffit-elle pour l’absoudre de ses propres crimes terroristes ?

En 2007, il condamnera le double attentat-suicide perpétré par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) contre le Palais du gouvernement et le commissariat de police de Bab Ezzouar. C’était un pas vers la reddition. Laquelle devrait normalement avoir comme suite une traduction devant le tribunal pour être jugé. Car, selon la loi sur la charte et la réconciliation nationale et, avant elle la concorde civile, l’amnistié ne bénéficie pas aux auteurs et aux ordonnateurs des massacres, carnages et viols…
Faut-il rappeler que Hassan Hattab avait sa tête mise à prix par l’État algérien pour 3 millions de dinars. Au moment de sa reddition, l’ex-émir du GSPC avait déclaré qu’il était “en possession de dossiers” et que leurs contenus ne seraient révéler qu’“au président de la République en personne”. A-t-il négocié sa liberté contre ses dossiers ? L’opinion le supposera tant que les autorités garderont le silence sur son cas.

FARID BELGACEM