Le président du HCI à propos du code de la famille
Le président du HCI à propos du code de la famille
Ni pour l’abrogation ni pour le maintien intégral
Le Quotidien d’Oran, 12 octobre 2004
La polémique sur le code de la famille continue d’être alimentée. Peut-être que la mise au point du président Bouteflika qui a jugé impérative la révision de la loi de 1984 sans que cela soit synonyme de reniement de sa source d’inspiration, a dû réorienter le débat. Un début de réponse à cette supposition est venu du président du Haut Conseil islamique, M. Bouamrane qui s’est exprimé hier sur les ondes de la chaîne III de la radio algérienne. Il ressort de sa prestation que le HCI n’est ni pour l’abrogation pure et simple du code ni pour son maintien dans son intégralité.
Pour le cheikh, il y a deux ou trois questions fondamentales qui se posent dans le code en vigueur et qui ont besoin d’être revues. D’abord en ce qui concerne la femme divorcée, il faut réviser, selon lui, l’article qui n’accorde à la femme le logement que dans le cas où elle a plus d’un enfant. «Avec un seul ou plusieurs enfants, le mari n’a pas à mettre dehors son ex-femme», dira-t-il. Il citera aussi les contraintes de la pension alimentaire limitée à 150 DA par enfant, aujourd’hui complètement dépassée par la réalité du pouvoir d’achat. Quant au tutorat, le président du HCI considère que c’est un faux problème tout en donnant l’impression qu’il partage le point de vue des islamistes quand il affirme que le tuteur, qui doit être un proche parent, est un symbole familial qui incarne l’honneur. Mais il ne peut imposer le choix du partenaire à épouser. Le cheikh estime que les jeunes manquent d’expérience et ont besoin parfois d’être encadrés par leurs parents ou les aînés de la famille.
S’agissant de la polygamie, le point qui focalise la levée de boucliers des islamistes, Bouamrane estime que dans la réalité, elle est réduite à sa plus simple expression. Elle était de l’ordre de 3% en 1947 et de 0,1 à 1% aujourd’hui. Il prend le soin de préciser qu’elle n’est pas interdite dans le texte coranique. «La Tunisie et la Turquie qui l’ont interdite ont tort. Ils n’ont pas respecté le texte coranique», note-t-il. Par le passé, la pluralité d’épouses répondait aux besoins économiques et sociologiques, grâce à la procréation prolifique. L’invité de la radio précise qu’aujourd’hui la polygamie peut être justifiée par deux raisons: la maladie de l’épouse qui ne peut assumer son rôle de maîtresse de maison ou la stérilité (ou une quelconque incapacité de procréer). «Ce sont deux cas d’espèce sur lesquels on ne peut légiférer», soulignera-t-il.
A signaler que le HCI compte deux délégués dans la commission des 52 qui a planché sur le projet de révision. La commission subdivisée en plusieurs sous-commissions qui ont pris des aspects de la problématique n’a pas convoqué d’assemblée générale pour débattre des recommandations des uns et des autres, d’où la cacophonie répandue par ses propres membres et la polémique ouverte avec le ministère de la Justice.
Questionné sur l’activisme des partis politiques notamment de la mouvance islamiste qui récuse les amendements, le président du HCI dénie le droit à ces derniers de s’immiscer dans les affaires religieuses car, à ses yeux, les partis ont pour vocation de prendre le pouvoir. «Les partis ont mêlé politique et religion, ce qui n’est pas bon pour la clarification du débat», a-t-il dit, en privilégiant en toute logique le point de vue des experts dans ce cas d’espèce comme dans d’autres.
Omar S.