Les «féministes» sur le pied de guerre

Les «féministes» sur le pied de guerre

L’Expression, 19 septembre 2004

Les partis démocrates, eux, adoptent un profil bas.

Outragées, les associations féminines lancent leur offensive. Loin, toutefois, de faire bloc uni pour contrecarrer le forcing des partis islamistes, ces entités n’entendent pas, pour autant, rester les bras croisés, notamment à l’heure où évolue le cheminement institutionnel de la nouvelle mouture du code la famille. C’est ainsi, que chacune d’elles affirme préparer sa riposte et promet de défendre, pied à pied, les «maigres» amendements que le gouvernement a proposés et qu’il peine à faire avaler à une opposition islamiste plus frénétique que jamais.
Tharwa Fatma N’soumer, par la voix de sa présidente Mme Chouaki, accrédite cette approche et s’en prend, non sans véhémence mais sans néanmoins les nommer, aux deux formations instigatrices: le MSP et El Islah, dont l’acharnement contre les nouveaux textes sonne comme un coup de tonnerre. S’emportant contre le leitmotiv religieux que ces deux partis agitent à tue-tête, Mme Chouaki considère: «Sans aucune légitimité, ils [les islamistes] se sont arrogé le droit de parler au nom de l’Islam pour dicter leurs lois» et d’ajouter: «Or, leur mission est surtout de s’occuper des problèmes de la communauté religieuse, ceux des pèlerins par exemple».
Mais si les islamistes demeurent, de l’avis de Tharwa Fatma N’Soumer, l’ennemi public numéro un, face auquel la bataille promet d’être rude, les formations démocratiques, elles, ne sont pas moins épargnées. Mieux, ces derniers, affichent un profil bas qui en dit long sur leur capacité à aller jusqu’au bout de leur programme politique où d’ailleurs figure, en grandes lettres, l’abrogation pure et simple du code de la «honte» selon le lexique féministe. Sur ce point, Mme Chouaki dit regretter la léthargie de ces politiques, jadis hérauts de la cause féministe et partisans acharnés de l’égalité homme-femme. Elle les appelle, à juste titre, à se positionner clairement vis-à-vis de cette question.
Sur la même longueur d’ondes, la commission nationale des femmes travailleuses de l’Ugta, tout en se gardant, elle, de commenter, en détail, le nouveau texte – car il n’a pas été, à ce jour, rendu public – est montée au créneau pour défendre, dans un communiqué, les nouvelles modifications, notamment celles – prioritaires- relatives au droit de divorce, la conclusion du mariage, et la vie de couple. L’argument religieux brandi, sans relâche, par «ceux qui prônent l’immobilisme» ne semble pas convaincre de son bien-fondé les militantes de la centrale syndicale. Au contraire, Mme Soumia Salhi s’interroge, dans la missive, sur le fait que ces partis arguent d’une interprétation religieuse et traditionaliste des plus rigides au moment où ils démontrent leur mollesse «quand il s’agit de la loi de finances, en mettant en avant l’évolution du monde». Bien qu’elles soient unanimes à saluer la nouvelle configuration du code de 1984, les féministes de l’Ugta, se montrent pour autant intraitables lorsqu’il s’agit de tutorat à la suppression duquel elles disent avoir appelé.
L’autre contrepoids aux pressions islamistes : le collectif Bnet Fatma N’soumer met en garde, quant à lui, contre l’ampleur prise dans l’exclusion des populations de femmes du soutien et de la protection de leurs droits fondamentaux. Elle dénoncent notamment ceux qui s’entêtent à s’opposer aux amendements proposés lesquels constituent, tout de même, «un pansement sur la plaie des résistantes».

Amine GOUTALI