L. Hanoune: « Le code de la famille doit être abrogé parce que anticonstitutionnel»

Louisa Hanoune l’a affirmé dans une conférence de presse
« Le code de la famille doit être abrogé parce que anticonstitutionnel»

Par Faouzia Ababsa, La Tribune, Lundi 6 septembre 2004

Le recours de Louisa Hanoune, à chaque occasion, à la situation internationale n’est pas fortuit. Elle est étroitement liée à ce qui se passe en Algérie, selon elle. Mieux encore, les conflits en cours à travers le monde nous concernent autant que les peuples qui en souffrent. «Nous sommes visés», estime la secrétaire générale du Parti des travailleurs. Elle l’a réaffirmé hier lors d’une conférence de presse qu’elle a animée au siège du parti à El Harrach. L’ex-candidate aux dernières élections présidentielles a justement entamé sa rencontre avec la presse par la situation internationale. L’Irak, la Palestine, le massacre en Russie après la prise d’otages, les résultats du référendum au Venezuela, rien n’a été laissé au hasard par la conférencière. A ce propos, justement, elle a exprimé la satisfaction de son parti quant à la victoire de Chavez. Car pour le PT, c’est une victoire contre les multinationales et les plans destructeurs de la Banque mondiale et du FMI, mais aussi contre les intérêts des tenants de l’occupation de l’Irak. En fait, Louisa Hanoune n’est pas passé par quatre chemins pour expliquer la nature et les raisons des conflits qui éclatent ça et là dans le monde. «Partout où il y a des crises et des guerres, il y a des intérêts et ce sont les richesses de ces pays qui sont en jeu», dira Mme Hanoune. «C’est la route du pétrole», estimera-t-elle en mettant l’accent sur la résistance des peuples de ces pays dont son parti se déclare inconditionnellement solidaire tout en précisant qu’il ne revient pas aux partis de dicter aux résistants la forme qu’ils adoptent pour en finir avec l’occupation ou l’oppression. Pour la secrétaire générale du Parti des travailleurs, la prise d’otages en Russie est l’expression directe de l’impasse à travers le monde. «C’est la décomposition». Une décomposition qui touche toutes les nations, y compris les plus industrialisées. Sur le plan national, Mme Hanoune précisera d’emblée que sa formation politique n’a pour tradition ou pour politique d’allumer le feu. Néanmoins, elle ne partage pas les expressions d’optimisme affirmées samedi dernier à l’Assemblée. Une manière de porter la contradiction aussi bien au président de l’Assemblée populaire nationale qu’au chef du gouvernement. L’oratrice n’en veut pour preuve que les mécontentements qui surgissent à travers le pays parce que les problèmes des citoyens ne sont pas pris en charge et qu’ils ne voient pas de perspectives. Pourtant, dira Mme Hanoune, nous avons des recettes considérables qui doivent être investies pour répondre aux aspirations des citoyens. «Encore une fois, des dizaines de milliers d’enfants n’iront pas en classe parce que leurs parents ne peuvent subvenir à leurs besoins. Ils ont donc été contraints de choisir entre leurs enfants pour décider qui devra poursuivre son instruction. Et ce sont souvent les petites filles qui en font les frais.» Pour la porte-parole du Parti des travailleurs, il est inconcevable que l’Etat ne puisse pas prendre en charge les besoins sociaux des citoyens avec un matelas financier considérable. A contrario, les pouvoirs publics préparent sur un plateau d’argent les infrastructures et l’effacement des dettes des entreprises «aux pseudo-investisseurs étrangers qui ne débourseront pas un seul centime. Le cas d’ISPAT et des conséquences qui ont découlé de la politique économique en sont édifiants». Concernant la rentrée universitaire, Louisa Hanoune s’est élevée contre la décision de donner des logements sociaux aux universitaires alors que des émeutes ont éclaté et éclatent à propos «justement de la distribution des logements». Et d’ajouter : «A travers cette décision, c’est carrément l’affrontement entre étudiants et citoyens que l’on cherche.» Les suicides qui ne cessent d’augmenter étaient également au menu de la conférence de presse. Mme Hanoune s’est étonnée, pour ne pas dire choquée, que le gouvernement ne soit pas interpellé par rapport à ce problème. «Non, l’Algérie ne va pas bien. Il faut que l’Etat reprenne ses missions de contrôle et son rôle social en procédant à des investissements publics qui resteront propriété de tous les Algériens.» Mais c’est sans nul doute le dossier de la Fonction publique qui focalise l’attention du PT en ce sens que son porte-parole a tiré la sonnette d’alarme sur toute tentative de sa destruction. «C’est la colonne vertébrale du pays», dira-t-elle en prenant en exemple ce qui s’est passé au Zaïre. «Une semaine après la dépermanisation de 40% des fonctionnaires, ce pays s’est effondré.» Louisa Hanoune soulèvera également le problème de l’évangélisation avec la campagne qui est en train d’être née en Kabylie et au sud du pays. «Des fascicules entiers sont en distribution. C’est dangereux, car on veut nous créer dans ce pays un conflit religieux alors qu’il n’en existe pas.» Pour Mme Hanoune, cela participe également de l’orientation mondiale de la dislocation des pays. Enfin, sur le code de la famille, la secrétaire générale du PT rappellera les positions de principe de son parti, à savoir l’abrogation pure et simple d’un texte inconstitutionnel. «Au lieu de cela, les rétrogrades nous proposent d’organiser un référendum. On n’organise pas un référendum sur la question de la citoyenneté garantie par la Constitution du pays.» Elle relèvera aussi une aberration dans les amendements apportés tel que le droit au travail des femmes qui doit figurer dans le contrat de mariage, alors que ce droit est garanti par la loi suprême du pays. «En tout état de cause, nous aurons notre mot à dire lorsque le document viendra à l’Assemblée et nous refusons d’entrer dans des polémiques comme celles qui sont en train d’être alimentées.

F. A.