Révision du code de la famille :scepticisme des associations féminines
RÉVISION DU CODE DE LA FAMILLE
Scepticisme des associations féminines
El Watan, 28 octobre 2003
L’installation du groupe de travail pour la révision du code de la famille, par le ministère de la Justice, garde des Sceaux, n’a pas suscité un grand enthousiasme au sein des associations de défense des droits des femmes. Militant pour une loi civile et égalitaire, ces associations estiment qu’une telle décision,rendue publique dans la conjoncture actuelle, ne peut qu’avoir un caractère électoraliste.
Elles soulignent, par ailleurs, qu’une révision a été également opérée en 1997, mais les mêmes articles discriminatoires ont été maintenus. Elles s’interrogent également si réforme il devait y avoir, pourra-t-elle intervenir avant l’élection présidentielle de 2004 ? L’Association indépendante pour le triomphe des droits des femmes (AITDF) estime, par la voix de l’une de ses membres, que cette révision intervient à un moment où la scène nationale vit une véritable effervescence pour la prochaine élection. «Il est alors difficile de croire que l’initiative du ministère de la Justice sur ordre du président de la République ne s’inscrit pas dans cette logique-là, d’autant qu’à chaque rendez-vous électoral, le code de la famille est remis sur le tapis», relève-t-elle. Mais elle tient à souligner que son association revendique l’abrogation de ce texte qui n’a plus sa raison d’être. «Nous avons déjà eu les résultats des ateliers installés à l’époque par Rabéa Mechernène et les amendements opérés. Rien n’a changé», note-t-elle. Abondant dans le même ordre d’idées, Mme Ouared, présidente de l’Association de défense et promotion des droits des femmes (ADPDF) et ancienne moudjahida, rappelle que depuis 20 ans, les militantes des droits des femmes ne cessent de revendiquer l’égalité effective et une loi civile. «Il est bien beau d’installer une commission, mais encore faudrait-il qu’elle aboutisse à un texte de loi qui doit répondre sans aucune hésitation aux dispositions de la Constitution qui consacre l’égalité et qui rétablisse la femme dans ses droits pour la considérer comme citoyenne à part entière comme cela vient d’être déclaré pour les Marocaines», indique t-elle sans s’empêcher pour autant de faire une lecture politique de cette décision : «Je m’interroge bien si ce n’est pas les voix des femmes qui ne sont pas courtisées.» L’abrogation du code de la famille, constitue pour elle, la seule issue afin que la femme algérienne ne soit plus placée en seconde zone. Pour la présidente de l’association SOS Femmes en détresse, Meriem Bellala, les militantes des droits des femmes ne se font plus d’illusions. «Nous avons été longtemps échaudées par des promesses jamais tenues alors on ne peut pas crier victoire. Nous avons été habituées à chaque échéance électorale de voir des hommes politiques brandir la révision du code de la famille, mais sans résultat», signale-t-elle, et de s’interroger : «Pourquoi on décide de réviser le code de la famille spécialement maintenant si ce n’est pas calcul politique?» Pour l’association Tharwa n’Fadhma n’Soumeur, l’installation du groupe de travail n’est pas un événement pour elle. «A voir seulement la constitution de ce groupe, il est clair que leur souci est plutôt d’assurer une meilleure campagne électorale pour la prochaine élection présidentielle. Nous exigeons l’abrogation du code de la famille qui sera remplacé par une loi civile et égalitaire», dira Yasmina Chouaki, membre de l’association.
Par Djamila Kourta