Beghal: dix ans pour association de malfaiteurs terroristes
Le Franco-Algérien était accusé d’avoir projeté un attentat contre l’ambassade des Etats-Unis à Paris.
Libération.fr (d’après AFP et Reuters)15 mars 2005
La peine maximum pour Djamel Beghal. Mardi, le tribunal correctionnel de Paris a condamné à 10 ans d’emprisonnement l’islamiste de 39 ans, reconnu coupable d’avoir créé en 2001 une association de malfaiteurs terroristes pour s’attaquer à l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Cette peine est assortie d’une interdiction des droits civils, civiques et de famille pour 10 ans. «Le tribunal n’a pas encore expliqué son jugement, il s’est contenté de distribuer les peines, a immédiatement indiqué l’un des avocats de Beghal. Mais infliger la peine maximale de 10 ans de prison dans un dossier sans preuves nous paraît être une parodie judiciaire». «Les aveux de Djamel Beghal ont été extorqués et n’ont jamais été confirmés par les faits», a encore dit Me Jean-Alain Michel à la sortie du tribunal.
Le tribunal a également infligé 9 ans de prison à Kamel Daoudi, un Algérien de 30 ans présenté comme l’informaticien du groupe, et 6 ans chacun à Nabil Bounour et Abdelkrim Lefkir. Kamel Daoudi et Nabil Bounour se vont vus interdire définitivement le territoire français. Les deux derniers membres du groupe, Rachid Benmesahel et Johann Bonte, ont été condamnés respectivement à trois ans et un an de prison.
Instruction «manipulée»
Les avocats avaient plaidé la relaxe de leurs clients, estimant que s’il est indéniable que les prévenus se connaissaient et partageaient des convictions islamistes radicales, il n’est pas prouvé qu’ils ont fomenté un attentat. Tous ont souligné la faiblesse de l’accusation, allant jusqu’à dénoncer un dossier «manipulé» par le juge d’instruction antiterroriste Jean-Louis Brugière.
Au départ de l’instruction basée sur des notes de la DST et d’interrogatoires de police aux Emirats arabes unis où il avait été arrêté à l’été 2001, Beghal était soupçonné d’avoir reçu l’ordre d’Abou Zoubeïda, un des lieutenants de Ben Laden, de monter un groupe terroriste en France pour commettre, courant 2002, un attentat contre les intérêts américains en France. Beghal, un Franco-Algérien installé dans la zone pakistano-afghane où se situent les camps d’entraînement d’Al-Qaeda, devait rentrer en France via le Maroc, effectuer les repérages, acheter une maison près de Paris et transmettre le dossier par l’internet aux adjoints de Ben Laden par l’intermédiaire de Kamel Daoudi. Un ex-footballeur tunisien, Nizar Trabelsi, devait ensuite pénétrer dans l’ambassade au volant d’un camion bourré d’explosifs.
Appel
Remis à la France le 30 septembre 2001, Beghal est revenu sur ses déclarations. Lors du procès au tribunal de Paris, en janvier, il a assuré avoir été contraint à de fausses déclarations par les policiers des Emirats après avoir été frappé, privé de nourriture et de sommeil, et avoir subi des humiliations à caractère sexuel.
Selon leurs avocats, Beghal et Daoudi devrait faire appel.
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