Rachid Ramda condamné à la réclusion criminelle à perpétuité

Rachid Ramda condamné à la réclusion criminelle à perpétuité

Au Palais de Justice de Paris, Bastien Bonnefous, France Soir, 14 octobre 2009

Sans surprise, la cour d’assises spéciale de Paris a condamné mardi soir en appel Rachid Ramda à la peine maximale : la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté.

« Allak Akbar ! Allah Akbar ! » (1) Rachid Ramda dresse son poing droit, le sourire aux lèvres. Il est 17 h 35, la cour d’assises spéciale de Paris vient de le condamner en appel, après quatre heures de délibéré, à la peine maximale : la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans. Les neuf magistrats professionnels l’ont jugé coupable de « complicité d’assassinat » dans trois des attentats terroristes qui ont frappé Paris en 1995 : l’attentat dans la station Saint-Michel du RER B le 25 juillet 1995, celui devant le métro Maison-Blanche le 6 octobre suivant, et le dernier, le 17 octobre, dans le tunnel du RER C reliant les stations Musée-d’Orsay et Saint-Michel. Huit personnes en tout avaient été tuées et des centaines blessées dans ces explosions. Les neuf magistrats ont suivi les réquisitions du parquet, confirmant la peine prononcée en première instance en octobre 2007.

Mardi, en fin de matinée, Rachid Ramda avait pris une dernière fois la parole devant la cour. « Sachez que je suis innocent, je n’ai rien à voir avec ces attentats », avait-il déclaré en arabe, lisant calmement un texte mûri depuis plusieurs jours. Dénonçant par avance « un procès politique », l’Algérien, âgé de 40 ans, avait dit s’en remettre à « la seule justice de Dieu ».

La thèse de la manipulation pas retenue

Au terme d’un mois de procès, la cour d’assises spéciale de Paris a donc considéré qu’il était bien le dénommé « Elyess », émir algérien en charge depuis Londres en 1995 du financement de la campagne terroriste. Mardi matin, l’accusé avait réaffirmé n’avoir « jamais appartenu aux GIA » (Groupes islamiques armés).

Plaidant l’acquittement, ses avocats, Mes Sébastien Bono et Anne-Guillaume Serre, s’étaient évertués à démontrer, souvent avec talent, que ce « postulat Elyess = Ramda » ne repose sur « aucune preuve irréfutable ». « Les enquêteurs français et britanniques ont reconnu que ni la téléphonie ni l’étude de la comptabilité ne permettent d’identifier clairement Elyess comme Ramda », avait rappelé Me Bono. Au contraire, la défense a affirmé qu’Elyess est en réalité un certain Hocine Benabdelhafid, ressortissant britannique interpellé puis relâché en novembre 1995, dans la voiture duquel la police londonienne avait retrouvé un des portables utilisé par les terroristes pour leurs liaisons téléphoniques.

Dans ce puzzle, Rachid Ramda n’aurait été que la victime d’une « manipulation » des services secrets algériens en lutte avec les intégristes des GIA de plus en plus populaires dans l’opinion algérienne. Ces derniers auraient soufflé à la France le nom de Ramda, islamiste convaincu, pour orienter l’enquête sur une « fausse piste ». Une théorie du complot longuement évoquée pendant les débats, qui n’a pas convaincu la cour.

Mardi soir, les familles des victimes ont accueilli le verdict par des larmes de soulagement. « Véronique aurait eu 41 ans aujourd’hui, triste anniversaire », glisse, les yeux rougis, son père, Jean-Claude Brocheriou, tenant à la main la photo de sa fille tuée dans l’attentat de Saint-Michel. Avec cette décision en appel, ce sont quatorze ans de procédures judiciaires qui se terminent. La défense de Rachid Ramda a néanmoins annoncé qu’elle déposera « dès aujourd’hui » un pourvoi en cassation.

(1) Dieu est grand ! Dieu est grand !