Rachid Ramda devant la justice française

SON PROCÈS EST LIÉ AUX ATTENTATS DE PARIS

Rachid Ramda devant la justice française

L’Expression, 26 février 2006

L’islamiste algérien comparaîtra à partir de demain, lundi, devant le tribunal correctionnel de Paris.

Extradé de Grande-Bretagne en décembre 2005 après dix ans de détention, Ramda, 35 ans, dit Abou Farès, qui avait fait l’objet d’une ordonnance de renvoi devant le tribunal en date du 5 février 1999, en même temps que vingt-trois autres islamistes, soupçonnés d’avoir participé à la préparation des attentats, comparaîtra à partir de demain lundi, devant le tribunal correctionnel de Paris pour sa participation présumée à la préparation des attentats de Paris.
Au cours de ce premier procès, les trois principaux membres du réseau islamiste impliqué, Boualem Bensaïd, Smaïn Aït Ali Belkacem et Karim Koussa avaient été condamnés à 10 ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Selon l’AFP, le procès débute lundi, et ne doit viser que les actes préparatoires aux attentats et le soutien logistique apporté aux poseurs de bombes. Ramda est par ailleurs poursuivi dans le cadre d’une procédure criminelle portant sur trois attentats perpétrés dans le métro parisien en 1995, qui avaient fait 8 morts et 200 blessés au total.
Ce qui, comme pour les autres membres du réseau islamiste impliqués, peut le conduire devant la cour d’assises de Paris. Il avait été arrêté en Grande-Bretagne le 4 novembre 1995, mais avait réussi à éviter son extradition en utilisant les recours offerts par une ancienne loi britannique.
Son avocat, Me Guillaume Barbe, a indiqué à l’AFP qu’il allait former plusieurs demandes devant le tribunal, dès le début de l’audience lundi. Il s’agit tout d’abord d’une demande de renvoi, compte tenu de l’enquête en cours de l’Igpn (la police des polices) sur les conditions des auditions de Boualem Bensaïd, dont certaines sont à charge pour son client.
«Ramda critique depuis dix ans les conditions de l’audition de Bensaïd et juge que ses déclarations ont été obtenues sous la torture», a expliqué Me Barbe. «Tant que l’enquête de l’Igpn n’est pas terminée, il ne voit pas pourquoi il devrait répondre des accusations» contenues dans les auditions de Bensaïd, a souligné l’avocat. En outre, ce dernier compte faire une demande de remise en liberté pour son client qui «a déjà purgé le maximum de la peine qu’il encourt», c’est-à-dire 10 ans d’emprisonnement. Extradé de Londres, Rachid Ramda est arrivé le 2 décembre 2005 à l’aéroport du Bourget, près de Paris, et était attendu par une importante escorte policière, dont des policiers encagoulés et fortement armés.
Ramda avait été, aussitôt après, conduit au palais de justice de Paris, où un magistrat du parquet devait lui notifier les quatre mandats d’arrêt délivrés à son encontre par la justice française: l’un, correctionnel, pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», les trois autres, criminels, pour sa participation à trois attentats de 1995.
Le 17 novembre 1996, après une bataille judiciaire de dix ans, Rachid Ramda avait perdu à Londres son ultime bataille pour éviter l’extradition vers la France, qui entend le juger dans le cadre des attentats de 1995 dans le métro parisien (8 morts et 200 blessés au total). Ramda, 35 ans, dit Abou Farès, soupçonné par les autorités françaises d’être le financier de ces attentats – dont celui qui avait fait 8 morts et 150 blessés à la station Saint-Michel du RER (métro express) – avait utilisé, depuis dix ans, tous les recours pour éviter cette extradition à laquelle un juge avait pour la première fois donné son accord en juin 1996. Après sa présentation au parquet, le président de la cour d’assises de Paris, devant lequel le dossier a été renvoyé, pourrait ordonner un «supplément d’information» pour permettre à un juge d’instruction antiterroriste de l’interroger. Considéré comme un «intellectuel» de la mouvance islamiste algérienne radicale, il est parfois présenté comme l’un des principaux dirigeants du GIA algérien (Groupe islamique armé) en Europe.
Ramda a été condamné à mort en 1993 par contumace en Algérie, où il est impliqué dans l’attentat contre l’aéroport d’Alger qui avait fait 9 morts et 123 blessés, en juillet 1992. Parti se réfugier en Grande-Bretagne, il est devenu un des principaux animateurs du GIA à l’étranger. Dans un livre non publié du cheikh Omar Abdelhakim, plus connu sous le nom d’Abou Mossaâb Es-Souri et intitulé Mon témoignage sur le djihad en Algérie, et étant l’un des rédacteurs de la revue Al Ansar avec le Palestinien Abou Qatada, il parle en abondance d’un certain «Rachid» qui serait un des informateurs de la revue.
Considéré comme étant un «intellectuel» de la mouvance islamiste algérienne radicale en Europe, beaucoup estiment qu’il jouit d’une aura factice. Des repentis du GIA ont affirmé qu’à l’époque de Zitouni, le GIA avait certes dépêché des membres en France pour y perpétrer des attentats, dont un certain Abou Farès, mais sont incapables de préciser s’il s’agissait bel et bien de Rachid Ramda.
D’autres sources en Algérie précisent qu’Abou Farès avait été envoyé en France sur instigation de Redouane Makador, dit Redouane Abou Bassir, responsable des relations extérieures au GIA. Agé de 35 ans, Rachid Ramda dit Elyas, alias Abou Farès, a été arrêté en Grande-Bretagne, le 4 novembre 1995 et placé sous écrou extraditionnel à la prison de Belmarsh, au sud de Londres, où sont détenus la plupart des suspects d’actes liés au terrorisme. Malgré l’insistance de Paris en vue de son extradition, il a réussi, jusque-là, à éviter son extradition vers la France en utilisant tous les recours offerts par une ancienne loi britannique.
Selon l’AFP, cet islamiste algérien n’a jamais eu à s’exprimer longtemps devant un tribunal, et son rôle exact dans la structure du GIA algérien (Groupe islamique armé) est encore peu connu, même s’il est suspecté d’avoir été dès 1994 l’un des principaux dirigeants du GIA en Europe. Homme un peu replet, cheveux noirs coupés court et collier de barbe, il avait comparu peu après son arrestation en Grande-Bretagne, vêtu d’un sweater vert, d’un jean noir et d’une paire de tennis blanches, portant à la main une couverture cartonnée pour se protéger des photographes. Il était absent au jugement prononcé, jeudi 17 novembre 1996.
Réfugié à Londres, il faisait, avant son arrestation, l’objet d’une surveillance soutenue des autorités britanniques, qui le soupçonnaient d’être aussi le rédacteur d’Al Ansar, le bulletin du groupe terroriste.

Fayçal OUKACI