Belkacem assure que Ramda est « innocent »
AP | 10.10.2007
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« Vous êtes en train de juger un innocent ». Tout en affirmant ne pas connaître Rachid Ramda, Smaïn Aït Ali Belkacem, l’auteur de l’attentat à la station RER « Musée d’Orsay », a assuré mercredi à la cour d’assises de Paris que le financier présumé des actions terroristes de 1995 en France « n’avait rien à voir avec tout ça ». Condamné en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir posé la bombe dans le RER C, qui a fait 26 blessés le 17 octobre 1995, Smaïn Aït Ali Belkacem a toujours reconnu sa participation à cette action.
L’autre auteur des attentats de 1995, Boualem Bensaïd, qui devait également être entendu mercredi, a refusé de se rendre à la convocation de la cour, estimant que c’était une perte d’argent. « Malgré ces scrupules économiques, je l’ai fait transférer en région parisienne », a ironisé le président Didier Wacogne. « Mais j’ai reçu une lettre où il refuse de nouveau de venir ». La cour a donc renoncé à l’entendre.
Restait donc Belkacem. Un colosse barbu dans un survêtement bleu et blanc, sans menottes à la barre des témoins, mais encadré par trois gendarmes. Débit de mitraillette aux accents indéniables de Yasser Arafat dans les « Guignols de l’info », il a d’abord refusé de revenir sur les faits. « C’est le passé maintenant », a-t-il esquivé. « Je regrette ce que j’ai fait, c’est tout ».
Le président a donc procédé à des lectures de procès-verbaux des déclarations du condamné durant ses gardes à vue et devant les juges d’instruction. S’il assume ses actes, il fait un blocage sur les contacts qu’il disait alors avoir avec les « frères de Grande-Bretagne », endroit où se trouvait alors Rachid Ramda.
« Je n’ai jamais téléphoné en Angleterre, je n’ai jamais eu de contact en Angleterre », a-t-il insisté en affirmant que toutes ces déclarations avaient été faites sous la menace. Il a nié aussi avoir envoyé de l’argent de braquages vers Londres. « Je l’ai gardé pour moi », a-t-il asséné, soulignant ses paroles de larges gestes. « Pourquoi veux-tu que j’envoie de l’argent là-bas? ».
« Connaissiez-vous tous les auteurs des attentats de 1995? », a voulu savoir l’avocate générale, Delphine Dewailly.
– « Non ».
– « Vous dites que vous ne connaissiez pas Ramda? ».
– « Non ».
– « Alors comment savez-vous qu’il est innocent? », a insisté la magistrate.
– « Il n’était pas dans mon programme ».
Selon l’accusation, Rachid Ramda, alors rédacteur à Londres du journal « Al-Ansar », organe officieux du GIA, a financé la vague d’attentats depuis la capitale britannique. L’enquête a démontré de nombreux contacts téléphoniques entre Boualem Bensaïd, Belkacem et des numéros londoniens attribués à Ramda.
Les policiers ont également retrouvé trace d’un transfert de 38.000FF de Ramda à Bensaïd. Tout au long de l’enquête, les auteurs des attentats ont cependant désigné leur contact anglais comme « Elias ou Ilies ». Ils ont toujours nié connaître Ramda.
Rachid Ramda, 38 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Il est jugé pour complicité d’assassinats et tentative d’assassinats pour l’attentat à la station RER de Saint-Michel le 25 juillet 1995 (8 morts, 150 blessés), celui de la station de métro « Maison-Blanche » le 6 octobre 1995 (18 blessés) et l’attentat à la station RER « Musée d’Orsay » le 17 octobre 1995 (26 blessés).
Rachid Ramda, qui n’a été extradé que le 1er décembre 2005 vers la France, a déjà été condamné à dix ans d’emprisonnement pour les actes préparatoires de toute la vague d’attentats de 1995 en région parisienne, mais aussi à Lyon et Lille et contre un TGV Lyon-Paris, sous la qualification d' »association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».
Jeudi, la Cour doit entendre ses parents et son frère, à condition qu’ils aient obtenu un visa pour entrer en France. AP