L’islamiste algérien Djamel Beghal mis en examen

TENTATIVE D’ÉVASION D’UN MEMBRE DU GIA EN FRANCE

L’islamiste algérien Djamel Beghal mis en examen

L’Expression, 24 Mai 2010

Un plan de la centrale de Clairvaux et un fusil d’assaut ont été saisis.

Nouveau rebondissement dans l’affaire de tentative d’évasion de Smaïn Aït Ali, ancien membre du Groupe islamique armé (GIA). L’islamiste algérien Djamel Béghal a été mis, samedi, en examen, en compagnie de neuf autres personnes, selon des sources judiciaires.
Huit d’entre elles ont été incarcérées, la neuvième étant placée sous contrôle judiciaire. Elles sont accusées de tentative de faire évader Smaïn Aït Ali Aït Belkacem. Ce dernier a été condamné en 2002 à la réclusion criminelle à la perpétuité pour avoir commis l’attentat à la station du RER musée d’Orsay à Paris. Lequel attentat a fait huit morts et 200 blessés, le 17 octobre 1995. Beghal et Smaïn Aït Ali Belkacem ont été mis en examen pour direction d’un groupe terroriste. Les sept autres personnes sont accusées d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, ajoute-t-on de même source.
«Le dossier de mon client est vide et j’ai fait appel de son placement en détention, qui est un scandale», a déclaré à l’AFP, Me Bérenger Tourné, l’avocat de Djamel Beghal. Cela dit, des éléments recueillis lors des perquisitions et des écoutes confortent les soupçons des enquêteurs sur un projet d’évasion de M.Belkacem, incarcéré à la centrale de Clairvaux sise à Ville sous la Ferté, à l’est de la France. Un plan de la centrale de Clairvaux et un fusil d’assaut ont été saisis lors des perquisitions, d’après la même source. L’un des mis en examen se présentait en tenue de jihadiste et armé du fusil d’assaut. Il a été reconnu sur une vidéo retrouvée sur un portable saisi.
Par ailleurs, quatorze personnes avaient été interpellées mardi près de Paris et dans le centre de la France. M.Beghal avait été arrêté dans l’hôtel où il était assigné à résidence à Murat (Cantal, centre). Les enquêteurs avaient eu vent de ce projet par des écoutes téléphoniques corroborées par des surveillances, ont indiqué des sources proches de l’enquête. Pour rappel, Djamel Beghal avait été arrêté en juillet 2001 aux Emirats arabes unis (EAU). A l’époque, il rentrait en France après un long séjour dans la zone pakistano-afghane où se situaient les camps d’entraînement d’Al Qaîda. Il a été condamné à dix ans de prison en 2005, notamment pour avoir projeté un attentat contre l’ambassade des Etats-Unis à Paris.
Déchu de sa nationalité française, cet homme dont l’épouse et les deux enfants vivent en Grande-Bretagne, est visé depuis le 19 septembre 2007 par un arrêté d’expulsion. Cette expulsion avait été bloquée par le ministère français de l’Intérieur tant que n’a pas été examiné un recours que le condamné a déposé devant la Cour européenne des droits de l’Homme (Cedh).
La décision avait été confirmée en juin 2009 par le Conseil d’Etat. Cette mise en examen remet sur la table l’affaire des attentats du métro de Paris, laquelle n’a pas encore livré tous ses secrets.

Mohamed Sadek LOUCIF