Kidnapping et séquestration : «Non-lieu contre X» dans l’affaire Belmouhoub
El Watan, 11 février 2012
Du nouveau dans l’enquête relative au kidnapping de Nourredine Belmouhoub, porte-parole du Comité de défense des internés des camps du Sud (CDICS), enlevé le 23 octobre 2011 près de la Maison de la presse (Alger), par des «barbouzes» et retenu durant 4 jours dans un endroit inconnu.
Militant des droits de l’homme et membre fondateur du Front du changement national (FCN), Nourredine Belmouhoub, 65 ans, avait décidé de porter plainte «contre X pour kidnapping et séquestration» le dimanche 30 octobre 2011. Le jour même, le parquet d’Alger ouvre une information judiciaire et transfère le dossier au doyen des juges du tribunal de Sidi M’hamed. Jeudi dernier, Nourredine Belmouhoub reçoit une notification. «Le juge d’instruction indique un non-lieu contre X et renvoie le dossier au procureur de la République pour donner son avis», affirme son avocat Me Amine Sidhoum. Cependant, cette décision ne satisfait pas la victime du rapt. «Je préfère de loin une solution interne. Mais puisque ce n’est pas le cas, je solliciterai les juridictions internationales et les ONG comme Trial», déclare-t-il.
Dans une déclaration à El Watan (voir notre édition du jeudi 27 octobre 2011), Belmouhoub avait affirmé, après sa libération la veille 26 octobre, que «lors de sa séquestration, les auteurs de l’enlèvement lui ont demandé de retirer la plainte qu’il avait portée, en 2001, contre l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar». Pour lui, «le général (présentement à la retraite) est responsable des maux qu’endurent les ex-internés du Sud». Soulignons que le 20 octobre 2011, l’ex-membre du Haut-Comité d’Etat (HCE) avait été interpellé à Genève. Il a été auditionné par la procureur fédérale de la Confédération helvétique le lendemain, suite à une plainte déposée par deux ressortissants algériens établis en Suisse.
Les ex-internés du Sud victimes de maladies chroniques Selon Belmouhoub, «dès févier 1992, et même bien avant, des dizaines de milliers de sympathisants, militants, ou supposés être du Front islamique du salut, sont arrêtés, puis transférés dans des casernes, avant d’être dirigés vers les camps de concentration appelés centres de sûreté. Il s’agit de In M’guel, Reggane, Oued Namous, Tassabit, Tiberghamine, El Goléa, El Menéa, Bordj Omar Idriss, In Salah et le centre de tri de Ouargla». Belmouhoub dit disposer d’estimations «qui oscillent entre 20 et 24 000 personnes illégalement internées».
Et d’ajouter : «Nous avons survécu à de dures conditions de détention dans des camps de toile, où il fait plus de 50° le jour et -5° la nuit. Les conditions à In M’guel, Reggane et Oued Namous sont un peu plus dures, car ils ont servi à des essais nucléaires, chimiques et bactériologiques, et de lieu de détention (Reggane), pour les suspects de la guerre de libération durant le colonialisme français… Notre infernal séjour a causé pour un bon nombre d’internés des maladies chroniques (cancer), a mené d’autres à la folie ou à la mort.»
Bsikri Mehdi