Khaled Nezzar malmené par des jeunes à El Alia
Commémoration de l’assassinat de Mohamed Boudiaf
Khaled Nezzar malmené par des jeunes à El Alia
Sonia Lyes, TSA, 29 juin 2012
Plusieurs militants du Mouvement des jeunes indépendants pour le changement (Mjic) ont interpellé ce vendredi 29 juin au cimetière d’El Alia à Alger, le général-major à la retraite Khaled Nezzar, présent pour la commémoration du 20e anniversaire de l’assassinat du président Mohamed Boudiaf. L’ex-chef d’état-major de l’armée et ancien membre du Haut Comité d’État (instance mise en place après l’arrêt du processus électoral) a été pris à partie par des jeunes du Mouvement, qui l’ont accablé de questions sur l’assassinat de Boudiaf, mais aussi au sujet des disparus et des victimes, selon des éléments du Mjic. « C’est un jeune militant des droits de l’Homme qui voudrait vous parler (…) vous êtes responsable autant que les islamistes de ce qui s’est passé pendant vingt ans. Vous êtes responsable de ce que nous vivons aujourd’hui », lui dit Abdou Bendjoudi, responsable de la communication du Mjic.
Un accompagnateur de Nezzar, agacé, tente de s’interposer mais l’ex-général demande qu’on laisse parler son interlocuteur. « Je trouve indécent que vous veniez à la commémoration », poursuit alors Abdou. Réponse de Nezzar : « J’ai écrit six livres, vous n’avez qu’à les lire ! ». Ce à quoi le jeune militant réplique : « Mais, M. Nezzar, personne ne vous croit ! ». « C’est votre problème », rétorque sèchement l’ex-chef d’état-major. Et Bendjoudi de poursuivre : « Si votre peuple ne vous croit pas, c’est grave ».
Autres questions soulevées par ces jeunes, dont Sabrina Zouaoui, également militante active du Mjic, la mort des 500 victimes d’octobre, les 200 000 victimes de la décennie noire et la question des disparus. « Je ne suis pas responsable […] moi, j’ai tout dit », répète à chaque fois Nezzar. « Qui est responsable alors ? » interroge Bendjoudi. Après ces échanges, Nezzar lâche une phrase lourde de sens, selon Bendjoudi. « La vérité vous la saurez demain […] l’Histoire jugera ».
Ils étaient plusieurs dizaines à s’être déplacés pour rendre hommage au défunt président. Outre Khaled Nezzar, on a noté la présence de Reda Malek, Ali Haroun et l’ex-général Touati. Il y avait également des acteurs de la société civile dont des membres de la fondation Matoub Lounès.