Affaire du diplomate Hasseni: Menace sur les relations algéro-françaises
Affaire du diplomate Hasseni
Menace sur les relations algéro-françaises
par R. N., Le Quotidien d’Oran, 13 décembre 2008
L’affaire du diplomate Hasseni, en détention depuis le 14 août dernier, «ne favorise pas un climat de sérénité entre les deux pays».
«C’est une situation qui risque de nuire aux relations entre les deux pays si elle n’est pas réglée dans les plus brefs délais», affirme un diplomate algérien cité par l’AFP.
Des sources diplomatiques algériennes à Paris ont exprimé leur exaspération devant la lenteur que prend l’affaire du diplomate Mohamed Ziane Hasseni, placé sous contrôle judiciaire, depuis le 14 août dernier. Elle constate que depuis un mois et demi, il n’y a eu « aucune évolution perceptible », notant que M. Hasseni s’est pourtant « conformé à la justice française en se soumettant aux tests d’ADN et de la graphologie », selon une dépêche APS. « Toutes les pièces fournies prouvant son innocence ont été rejetées par le juge Baudoin Thouvenot, chargé du dossier », ajoute la même source qui estime que le diplomate est victime « d’une machine judiciaire qui a été mise en branle et qui veut obligatoirement un coupable, alors que M. Hasseni est innocent ».
Revenant sur les faits depuis l’arrestation du responsable du protocole au ministère des Affaires étrangères, la source rappelle que « les deux notes verbales de notre ambassade, adressées au ministère français des Affaires étrangères, les 14 et 19 août dernier, ainsi que la démarche officielle entreprise le 11 septembre dernier par l’ambassadeur d’Algérie à Paris auprès du secrétaire général du Quai d’Orsay » sont restées « sans réponse ». « Depuis le 15 octobre dernier à ce jour, le dossier n’a pas connu d’évolution significative », constate la source diplomatique qui regrette « la tournure qu’a prise cette affaire, malgré les signes de bonne volonté données jusque-là pour ne pas envenimer les bonnes relations entre les deux pays ».
La source rappelle que « les autorités algériennes avaient fait preuve d’une certaine discrétion et de prudence pour ne pas gêner la procédure judiciaire » et qu’elles ont « continué à observer l’évolution du dossier en déclarant, par la voix du porte-parole du gouvernement, que l’incident était regrettable et espérant que le diplomate algérien sera innocenté et rétabli dans ses droits ».
Les entretiens qui ont eu lieu à Paris, en septembre dernier, entre notre ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et son homologue français, n’ont pas donné leurs fruits.
Au lendemain de la confirmation du verdict par la chambre d’instruction pour le maintien de la mise en examen du diplomate algérien, M. Medelci avait rencontré, le 15 octobre, le chef de la diplomatie française pour lui exprimer « la grande préoccupation du gouvernement algérien devant cette affaire qui a pris une tournure inquiétante vis-à-vis du diplomate algérien, malgré des preuves d’erreur sur la personne qu’il a présentées ». Les autorités algériennes n’ont eu de cesse de mettre en évidence « la lenteur excessive de la justice française », tout en dénonçant « la campagne médiatico-politique déclenchée sciemment autour de cette affaire », sans que cela ne donne des résultats probants.
A Alger, on est convaincu que « la justice française a fait preuve d’une attitude de deux poids, deux mesures concernant l’affaire de M. Hasseni ». La source diplomatique de l’APS estime que l’argument de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice, invoqué par les autorités françaises, « ne tient pas la route ». Elle en veut pour preuve l’intervention des autorités politiques françaises dans d’autres affaires pour leur « trouver une issue rapide ».
Et de rappeler l’affaire des membres de l’association «Arche de Zoé», jugés au Tchad pour enlèvement d’enfants, ou encore de l’affaire de la Rwandaise Rose Kabuye, extradée d’Allemagne vers la France, après l’émission par la justice française de mandats d’arrêt internationaux contre des proches du président rwandais.
Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, avait déclaré, à propos du cas de Mme Kabuye, que « l’accusée pourra avoir accès au dossier et, grâce à ses avocats, dissiper ces énormes malentendus ».
Tout en continuant à espérer un « dénouement rapide qui déculpabilise le diplomate », la même source diplomatique à Paris estime que « cette affaire ne favorise pas un climat de sérénité entre les deux pays ». « C’est une situation qui risque de nuire aux relations entre les deux pays si elle n’est pas réglée dans les plus brefs délais », affirme le diplomate cité, cette fois, par l’AFP.