Le diplomate, Mohamed Ziane Hasseni, blanchi de l’accusation de complicité d’assasinat de Mecili

Le diplomate, Mohamed Ziane Hasseni, blanchi de l’accusation de complicité d’assasinat de Mecili

DNA, Mardi, 31 Août 2010

Accusé de complicité dans l’assassinat le 7 avril 1987 de l’avocat franco-algérien Ali Mecili, le diplomate algérien, Mohamed Ziane Hasseni, a bénéficié d’un « non lieu ». La Cour d’appel de Paris, statuant mardi 31 août sur cette affaire, a prononcé un « non-lieu » au profit du diplomate algérien poursuivi depuis août 2008 de « complicité d’assassinat » d’Ali Mecili. Cette décision tant attendue signifie la levée de toute poursuite judiciaire à l’encontre de Mohamed Ziane Hasseni. Lire également : Assassinat de Mecili : Des écoutes téléphoniques compromettraient le sort du diplomate algérien. Mohamed Samraoui confirme les écoutes téléphoniques et révèle qu’il a été contacté sur insistance de deux généraux

« La chambre de l’instruction a accordé un non-lieu à M. Hasseni, il n’est plus concerné par cette affaire », a déclaré à l’AFP Me Pelletier, l’avocat du diplomate algérien. Depuis son arrestation le 14 août 2008 et sa mise en examen, le diplomate a toujours clamé son innocence en affirmant aux juges être victime d’une homonymie. Les autorités algériennes, qui avaient fait preuve de mollesse lorsque cette affaire a éclaté à nouveau, ont fini par monter au créneau pour exiger l’arrêt des poursuites judiciaires contre le diplomate. Au fil des mois, le dossier est ainsi devenu une pomme de discorde dans les relations entre Paris et Alger. Pressés par les autorités algériennes qui réclament l’élargissement du diplomate, le gouvernement français s’est tenu à cette règle : la justice française étant indépendante, il ne pourrait s’immiscer dans son fonctionnement dans le but d’influer sur les décisions des tribunaux de justice.

Le diplomate, qui est passé depuis de statut d’inculpé à celui de témoin assisté

Arrêté à Marseille le 14 août 2008 sur la base d’un mandat d’arrêt international, Mohamed Ziane Hasseni, responsable du protocole au ministère algérien des Affaires étrangères, a été officiellement inculpé de « complicité d’assassinat » et placé sous contrôle judiciaire en France. Le diplomate, qui est passé depuis de statut d’inculpé à celui de témoin assisté, a toujours soutenu être victime d’une homonymie. Sa mise en examen a été rendue possible suite à deux témoignages livrés par deux ex-officiers des services de renseignements algériens, Hichem Aboud et Mohamed Samraoui.

Alors qu’il reposait dans les tiroirs pendant plusieurs années au nom de la raison d’Etat, le dossier de l’assassinat d’Ali Mecili, a été relancé une première fois en avril 2001 avec le témoignage de Hichem Aboud, ex-capitaine de la sécurité militaire algérienne et auteur du livre « La Mafia des généraux ». Devant le juge d’instruction, Baudouin Thévenot, Aboud révèle que l’assassinat de Mecili a été commandité par la présidence de la république algérienne et indique au magistrat qu’un autre personnage, Mohamed Samraoui, en sait davantage sur cette affaire.

L’assassin présumé répond au nom d’Abdelmalek Amellou

Deux ans plus tard, le 23 juillet 2003, le même juge rencontre Samraoui en Allemagne pour recueillir sa déposition. Celle-ci apporte des éléments nouveaux et précis sur cet assassinat, sur son exécutant et ses commanditaires. L’ancien officier affirmera qu’il était présent fin juin-début juillet 1987 dans un hôtel à Skikda lors de la rencontre entre l’assassin présumé, Abdelmalek Amellou, ancien truand établi à Paris, et le capitaine Rachid Hassani. Ce dernier était spécialement venu d’Alger pour remettre à Amellou une mallette contenant la somme de 800 000 francs, le prix du contrat pour l’assassinat d’Ali Mecili. L’affaire se tasse pendant quatre ans jusqu’à ce que le juge, en fin de mission, décide de délivrer en décembre 2007 deux mandats d’arrêts internationaux : le premier contre Abdelmalek Amellou et le second contre Mohamed Ziane Hasseni. Ce dernier sera donc interpellé le 14 août 2008 à l’aéroport de Marignane, Marseille, en provenance d’Alger. Le dossier est une nouvelle fois relancé avec des complications judiciaires et une crise politique entre Paris et Alger.

Samraoui accuse, puis doute

Hichem Aboud affirme que le diplomate Mohamed Ziane Hasseni n’est concerné ni de prés ni de loin par cet assassinat. Auditionné le 17 décembre 2008, il soutient que Mohamed Ziane Hasseni n’est pas le vrai commanditaire du meurtre. Il explique que celui-ci, qui s’appelle Rachid Hassani et se trouve en Algérie, tout comme le meurtrier présumé, Abdelmalek Amellou. Mohamed Samraoui, lui, fera preuve d’hésitations et de semi-rétractions. Après avoir clairement soutenu dans deux médias français (France 3 et Mediapart) que Mohamed Ziane Hasseni est celui-là même qui était présent à l’hôtel Essalem de Skikda en 1987 lors de la remise de la mallette d’argent à l’assassin présumé, il finira par émettre des doutes.

«Maintenant, je suis à 50-50, parce que j’ai des doutes sur le timbre de la voix et non la physionomie… »

Lors d’une confrontation organisée par visioconférence le 4 juin 2009, Mohamed Samraoui nuance quelque peu son témoignage. Le Juge l’interroge : « Est-ce que vous maintenez que Ziane est le vrai capitaine Rachid Hassani ? » Mohamed Samraoui : « En entrant aujourd’hui dans cette salle, j’avais 99% de certitude que c’était bien lui. J’ai laissé 1% pour le doute. Maintenant, je suis à 50-50, parce que j’ai des doutes sur le timbre de la voix et non la physionomie… » Au cours de la même confrontation, Samroui indique qu’il a fait l’objet de pressions, de chantage et de tentatives de corruption de la part de ses anciens responsables du DRS ( Département du renseignement et de la sécurité). Des écoutes téléphoniques, versées au dossier en décembre 2009, laissent effectivement croire que Samraoui a été approché afin qu’il se rétracte sur son témoignage qui accuse le diplomate Mohamed Ziane Hasseni.

Quid de la vérité sur l’assassinat d’Ali Mecili?

Blanchi de l’accusation de complicité d’assassinat, ce dernier est désormais libre. Pour autant, la vérité sur ce crime d’Etat reste encore à établir. Si, comme la justice française l’a établit Mohamed Ziane Hasseni n’est pas le commanditaire de l’assassinat d’Ali Mecili, il y a bien une personne qui l’a commandité et une autre qui l’a exécuté. Les deux personnes répondent aux noms d’Abdelmalek Amellou e Rachid Hassani. Toutes se trouvent actuellement en Algérie. De là à ce que les autorités algériennes acceptent de les mettre à la disposition de la justice….