Première reconnaissance officielle du massacre d’Algériens à Paris, le 14 juillet 1953
Première reconnaissance officielle du massacre d’Algériens à Paris, le 14 juillet 1953
Algeria-Watch, 14 juillet 2017
Première reconnaissance officielle du massacre d’Algériens à Paris le 14 juillet 1953 (Vidéo)
« À la mémoire des sept manifestants tués et des nombreux blessés, victimes de la répression du 14 juillet 1953. Six militants nationalistes algériens du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques et un membre de la CGT ont été tués ce jour-là. » Tel est le texte de la plaque qui a été dévoilée le 6 juillet dernier sur l’un des murs du pavillon sud de la « barrière du Trône », place de la Nation à Paris, à quelques dizaines de mètres des lieux du massacre. Le dépôt de cette plaque faisait suite au vote du Conseil de Paris décidant cette reconnaissance, le 18 janvier 2017, à l’initiative de Nicolas Bonnet Oulaldj, président du groupe communiste-Front de gauche au Conseil de Paris.
L’événement est important, car c’est la première fois qu’une instance officielle française reconnaît ce massacre jusque-là largement occulté, lors duquel la police tira de sang-froid sur le cortège pacifique des militants du MTLD, comme le documentariste et journaliste Daniel Kupferstein l’a relaté en détail, à l’issue d’une longue enquête, dans son film Les Balles du 14 juillet 1953 (2014), prolongé par son livre publié sous le même titre en mai 2017.
Le 6 juillet 2017, en présence d’une centaine de personnes (dont des membres des familles des victimes, venus spécialement d’Algérie), la maire PS du XIIe arrondissement, Catherine Baratti-Elbaz, dans un discours très sobre, a salué la mémoire des militants massacrés en déclarant : « Il ne peut y avoir de paix sans justice et nous souhaitons leur rendre justice aujourd’hui en gravant cette vérité. »
Catherine Vieu-Charier, adjointe de la Ville de Paris chargée de la mémoire, a pris le relais en déclarant notamment : « C’est au nom de nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité que les manifestants dénonçaient le colonialisme et l’oppression. Et c’est à ce titre que sept de ces militants de la liberté et de l’émancipation humaine ont perdu la vie. En honorant leur mémoire sur cette place, dont le nom fait symboliquement écho à leur revendication d’indépendance, place de la Nation, ces quelque lignes gravées dans la pierre nous invitent à tirer les leçons de cette blessure de l’histoire. »
Enfin, avant le dévoilement de la plaque, Daniel Kupferstein a prononcé un discours plus direct encore, dénonçant clairement les crimes et les mensonges des policiers assassins, ainsi que la parodie de justice qui les a couverts et le négationnisme des politiques qui, à l’époque, ont contribué à effacer la mémoire de ce drame.
Après la reconnaissance par la Ville de Paris, puis par l’État, du massacre d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961, cette reconnaissance de celui du 14 juillet 1953 marque une étape importante. Mais loin d’être suffisante : c’est l’ensemble de crimes de la colonisation française en Algérie qui doivent être officiellement reconnus par la République, et dénoncés comme des crimes contre l’humanité.