Nezzar revient sur la « démission » de Chadli, dément avoir proposé le poste de président à Aït Ahmed
Achira Mammeri, TSA, 9 janvier 2016
L’armée n’a pas poussé Chadli Bendjedid à démissionner en 1992, mais elle n’a rien fait pour l’empêcher de quitter le Palais d’El Mouradia, a affirmé Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense, dans un entretien paru ce samedi 9 janvier dans le journal Echorouk. L’état-major de l’armée s’était même préparé à cette éventualité en étant convaincu que le président Chadli « n’était pas prêt à affronter la nouvelle situation » de crise née de la victoire du FIS aux législatives, a-t-il ajouté.
Le général à la retraite est revenu longuement sur la période qui a précédé l’arrêt du processus électoral après la victoire du FIS au premier tour des législatives en décembre 1991. Selon lui, l’armée, qui suivait de très près la situation, avait alerté à plusieurs reprises les responsables politiques sur les dangers et les risques de la situation, avant même la tenue des législatives. « Abdelhamid Mehri, à l’époque secrétaire général du FLN, m’avait assuré que son parti sortirait le premier avec 60% des sièges. Au sein de l’armée, nous étions convaincus que le FIS allait remporter ce scrutin, une information que nous avions transmise au président de la République ».
« Le jour de l’adoption du Code électoral par le Parlement, j’étais en compagnie de Sid Ahmed Ghozali, à l’époque chef du gouvernement, devant l’Assemblée populaire nationale. Nous avons mis en garde le président de l’APN, Abdelaziz Belkhadem, sur les dangers de ce texte. Mais il n’a rien voulu entendre », explique l’ancien ministre de la Défense.
Khaled Nezzar affirme avoir « été le plus proche du président Chadli Bendjedid ». Il souligne avoir rencontré le président quatre fois avant sa « démission ». La première rencontre s’est déroulée au lendemain des élections législatives. « J’ai rencontré un président très affecté. Chadli m’avait demandé de lui accorder deux à trois jours pour réfléchir à la situation. Le délai a expiré mais le président n’avait pas appelé », précise-t-il.
Le général Nezzar décide alors de se déplacer à la Présidence. « Le président pensait déjà à l’époque à la démission », confie-t-il. Chadli, selon Khaled Nezzar, avait émis les vœux de démissionner durant la troisième rencontre. « ‘Le rôle revient à l’armée de trouver la solution’, c’est ce que m’avait dit Chadli durant cette rencontre tenue dans son bureau », atteste-t-il.
Le président n’a pas prononcé le mot démission, souligne-t-il, « mais nous avons compris cela ». Pour Nezzar, Abdelmalek Benhabiles, l’ex président du Conseil constitutionnel a refusé d’assumer l’intérim de la présidence de la République « de peur de ne pas être en mesure d’assumer l’ampleur de la crise ».
Au lendemain de l’arrêt du processus électoral, Nezzar affirme avoir rencontré Abdelhamid Mehri, Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella. « Je me rappelle que le président du Front des forces socialistes avait qualifié cet arrêt de coup d’État. Mehri était d’accord et Benbella a préconisé un retour rapide au processus électoral ». Khaled Nezzar dément avoir proposé la présidence à Aït Ahmed.