Nezzar – Aït Ahmed : le témoignage qui affaiblit la version de l’ancien ministre de la Défense
Par Imad Boubekri, TSA, 9 janvier 2016
Khaled Nezzar a-t-il proposé le poste de président à Hocine Aït Ahmed en 1992 ? En 2009, lors d’un débat auquel il participait à Genève, le fondateur du FFS, avait affirmé avoir reçu une telle offre de la part de l’ancien ministre de la Défense nationale.
Pendant plusieurs années, Khaled Nezzar s’est gardé de démentir l’information. Mais hier, l’ancien ministre de la Défense est sorti de sa réserve en démentant avoir fait une telle offre.
Mais un témoignage d’Ali Haroun, diffusé en 2010 par la chaîne France 5, conforte les affirmations d’Aït Ahmed.
« Nezzar est allé voir Aït Ahmed qui était présent pour lui dire, venez avec nous vous serez le président. Vous êtes le dernier historique présent, vous serez président », affirme l’ex-membre du Haut comité d’État (HCE) dans cette vidéo (à partir de la 4e minute). Khaled Nezzar était membre du HCE, mis en place après la démission du président Chadli en janvier 1992.
À l’époque comme l’explique l’avocat Ali Haroun, qui était une des personnes clés du régime algérien après la démission de Chadli Bendjedid, les militaires dont Khaled Nezzar, ministre de la Défense cherchaient un homme historique pour remplacer le président démissionnaire à la tête de l’État.
Dans la même vidéo, Hocine Aït Ahmed confirme la rencontre avec Khaled Nezzar : « Il est venu me voir pour voir si j’acceptais en cas d’interruption des élections, le cas échéant d’être dans leur magouille, etc. Il m’a laissé parler et il m’a dit Si l’Hocine c’est une catastrophe, le FIS… ».
Plus loin, Ali Haroun confirme le refus d’Aït Ahmed : « À partir du moment où Aït Ahmed a dit « je refuse », on est resté les bras croisés. Belkaid (membre du HCE à l’époque) et moi avons pensé à Boudiaf ». On connaît la suite des événements.
https://youtube.com/watch?v=Y3o8JY2pFsw%3Ffeature%3Doembed
Khaled Nezzar dément avoir proposé le poste de président à Aït Ahmed
Par Riyad Hamadi; TSA, 8 janvier 2016
Khaled Nezzar rompt le silence sur ses relations avec Aït Ahmed. Plus deux semaines après le décès de l’un des neuf chefs historiques de la Révolution, le général à la retraite réagi, dans une contribution publiée par le site algeriepatriotrique.com, qui appartient à son fils.
Après avoir présenté ses condoléances à la famille du défunt et expliqué pourquoi il a tardé à s’exprimer, l’ancien ministre de la Défense dément avoir proposé le poste de chef de l’État à Aït Ahmed, après l’assassinat du président Mohamed Boudiaf en 1992. « Je n’ai à aucun moment proposé à feu Aït Ahmed le poste de président de la République, contrairement à ce que les uns et les autres ont déclaré », affirme Nezzar, en précisant qu’il avait rencontré Aït Ahmed à quatre reprises, après la démission de Chadli en janvier 1992. Deux fois à Alger en 1993 et à deux reprises à Genève en Suisse en 1993, selon Nezzar. Des rencontres qui ont eu lieu à l’initiative de l’ancien patron de l’armée.
La première rencontre des deux hommes s’est terminée sur un échec. « La démission du président de la République, le 9 janvier 1992, faisait de l’armée l’arbitre de la situation. En tant que ministre de la Défense nationale, d’énormes responsabilités politiques allaient m’échoir. C’est ainsi que le soir même, j’ai invité Aït Ahmed à un entretien, comme j’ai invité d’ailleurs d’autres personnalités politiques ou de la société civile. Il fut le premier à être reçu. Accompagné de deux personnes, il m’est apparu bouleversé, répétant : ‘C’est un coup d’État ! C’est un coup d’État ! », raconte Nezzar qui n’a pas mis fin à ses contacts avec Aït Ahmed. Pour y parvenir, il a chargé son conseiller politique, le général Touati, de poursuivre à convaincre le fondateur du FFS de participer à l’après-Chadli. Sans succès.
« Le général Touati avait pour mission précise de le convaincre de rentrer au pays fin 1993, pour participer à la transition démocratique et aider à la sortie de crise dans laquelle se débattait notre pays. Sa réponse négative fut, à mon sens, une nouvelle occasion manquée. Je me dois de préciser qu’aucune personnalité politique ne s’était proposée, à l’époque, de participer à cette transition, ce qui explique l’évolution du pouvoir », explique Nezzar.