Violence contre les femmes: Enquête dans 2.000 foyers
VIOLENCE CONTRE LES FEMMES
Enquête dans 2.000 foyers
Le Quotidien d’Oran, 5 mars 2006
Pour une raison ou une autre, les femmes sont de plus en plus nombreuses à faire les frais de la colère des hommes. Ces derniers, très souvent sous le poids d’insupportables problèmes sociaux, n’hésitent pas à lever la main sur leurs femmes et même sur leurs enfants et les «disputes» finissent fréquemment à l’hôpital avec des ecchymoses, voire des blessures graves. Pour prévenir cela et dans le cadre du lancement du projet de lutte contre la violence à l’égard des femmes, une rencontre de concertation et de consultation a été organisée hier à l’Institut national de formation paramédicale de Hussein Dey (Alger).
La rencontre, qui a réuni plusieurs responsables de défense des droits des femmes ainsi que des psychologues et des médecins, entre dans le cadre du processus d’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes en Algérie.
Le projet en question vise à développer des méthodologies, des instruments et des systèmes de référence pour une prise en charge structurée et adéquate des femmes et des enfants victimes de violence. Il vise également, d’après la coordinatrice du projet Mme Imen Hayef, à renforcer les capacités nationales sur les plans techniques et institutionnels et ce, à travers une coordination structurée entre le gouvernement et la société civile.
La coordinatrice du projet soutenu par les agences des Nations unies l’UNIFEM, la FNUAP, l’UNICEF ainsi que le ministère délégué chargé de la Famille et de la Condition féminine, a mis en exergue la nécessité de procéder d’abord à une enquête de prévalence avant de décider de la démarche à suivre en matière de lutte contre la violence envers les femmes.
A cet effet et devant le manque d’information sur le nombre et la situation des femmes concernées par le problème, les initiateurs du projet ont décidé de lancer une enquête auprès de quelque 2.000 ménages à travers toute l’Algérie pour avoir des données concrètes qui permettraient par la suite d’élaborer la stratégie à suivre.
L’enquête, qui va démarrer durant ce mois de mars, devrait servir de «base de données» aux institutions étatiques, aux ONG ainsi qu’aux services de sécurité dans leurs analyses d’un phénomène qui a pris des proportions alarmantes si on se fie à une enquête réalisée par le ministère chargé de la Famille et de la Condition féminine qui révélait que 80% des violences constatées sur les femmes le sont dans les milieux pauvres et défavorisés.
Un autre cas a été soulevé hier par un psychologue présent à la réunion. Il s’agit des femmes violentées et violées par les terroristes. Rejetées par leurs propres familles et par la société, ces victimes, souligne le psychologue, devraient être l’une des priorités dans le projet en cours d’élaboration.
Enfin il y a lieu de signaler que des rencontres similaires devraient également être organisées à l’Est, à l’Ouest et probablement dans le Sud du pays, a affirmé la coordinatrice du projet dont l’essence est de constituer un réseau national d’ONG et de centres d’écoute des femmes victimes de violence.
Z.Mehdaoui