Violence: Le comité de femmes du Snapap dénonce la banalisation

VIOLENCE

Le comité de femmes du Snapap dénonce la banalisation

Le Soir d’Algérie, 27 novembre 2016

Le comité de femmes travailleuses du Snapap (Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique) dénonce la banalisation de la violence dans notre société. Une violence qui, précise-t-on, ne cesse de s’amplifier et de prendre plusieurs formes. Mais comment agir et comment lutter contre ce fléau ?

Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Pour la coordinatrice du comité de femmes travailleuses au Snapap, Yamina Maghraoui, la violence dans notre société a été complètement banalisée. Une situation qu’elle impute aux longues années de terrorisme qu’a connues l’Algérie. Et depuis, «les milliers de victimes n’ont bénéficié d’aucune prise en charge psychologique et d’aucun soutien pour les aider à faire le deuil et à se reconstruire», a-t-elle déploré hier, à Alger.
Elle estime qu’aujourd’hui, la violence n’est pas uniquement physique ou verbale. Désormais, elle se manifeste sous différentes formes. Pour elle, la loi de finances 2017 avec toutes les augmentations prévues, est une «violence». Idem pour la politique d’austérité. «Cette politique est aussi une violence d’autant qu’elle est exclusivement destinée aux simples travailleurs. Sinon, comment expliquer la prime de départ de 260 millions de centimes, attribués récemment aux députés ?», dit-elle.
Un Parlement, poursuit-elle, «qui n’a jamais défendu nos droits. Un Parlement qui compte 143 députées femmes et qui n’ont rien fait pour la femme».
Yamina Maghraoui assure que la femme algérienne souffre au travail et dans tous les secteurs d’activité. «Dans certains métiers, la femme est brimée, maltraitée et de surcroît non déclarée à la Sécurité sociale.»
Selon elle, le système algérien à travers ses institutions et ses programmes notamment le programme éducatif, institutionnalise la violence. «C’est un système qui a nourri les mentalités rétrogrades à travers les programmes éducatifs», dit-elle.
Quant au travail qui, souligne-t-elle, devrait normalement être un une source d’émancipation et d’évolution, «il est malheureusement une source de souffrance». Elle affirme que l’Etat fait aussi dans la répression des travailleurs.
«Le système en Algérie nous refuse l’accès au droit de la citoyenneté à part entière. C’est un système d’oppression», conclut-elle.
L’intervenante cite ainsi l’exemple de l’inaccessibilité au logement et du travail précaire. Deux facteurs qui «font soumettre et obligent la femme à rester avec un mari qui la violente», dit-elle encore.
De son côté, Fatouma Hereche, membre du comité de femmes du Snapap, estime qu’en dépit de tout l’arsenal juridique dont dispose l’Algérie, notamment le code pénal amendé dernièrement, les mécanismes d’application continuent à faire défaut. Une «faille» qui, selon elle, dénote l’absence d’une volonté de la part des pouvoirs publics.
Ry. N.