Deux milliards de dollars pour relancer le textile en Algérie, mais les effets se font attendre

Deux milliards de dollars pour relancer le textile en Algérie, mais les effets se font attendre

Aïssa Bouziane, Maghreb Emergent, 3 avril 2013

Les effets d’annonce se multiplient pour relancer le textile en Algérie, mais les résultats demeurent peu probants. Des aides de l’Etat de deux milliards de dollars, et des promesses de relancer des unités de production à l’arrêt, n’ont pas encore permis un renouveau du secteur, selon un dirigeant syndical, M. Amar Takdjout.

Le gouvernement algérien a consacré deux milliards de dollars à la relance du secteur du textile, mais les mesures financières décidées tardent à avoir un effet. Selon un responsable syndical, M. Amar Takdjout, la Société de gestion des Participations de l’Etat (SGP-holding public) devrait notamment a arrêté un train de mesures, qui tardent à concrétiser à cause de la « frilosité » des managers.

Le gouvernement a décidé de fournir différentes aides, pour un montant de deux milliards de dollars. En contrepartie, les usines de Meskiana, dans l’est, et Chéraga, à Alger, doivent redémarrer. Le redémarrage des deux unités devrait offrir près de 400 emplois. Un effort particulier est consenti dans le domaine de la formation, avec 180 ingénieurs, diplômés, envoyés en formation complémentaire pour des masters.

En parallèle, des unités de production de Béjaïa et Relizane, à l’arrêt, vont être relancées avec le concours de partenaire turcs, selon M. Takdjout. Au total, une vingtaine d’unités, à l’arrêt parce que non rentables, sont concernées par le plan de relance, sous différentes formes. Le gouvernement hésite toutefois à mettre de l’argent dans des unités structurellement déficitaires, où la production a été arrêtée à cause de l’accumulation des pertes. Après la vague de privatisations et de fermetures d’usines du début des années 2.000, en application des recommandations du FMI, de nombreuses unités ont été abandonnées, mais l’embellie financière actuelle pousse le gouvernement à tenter d’acheter la paix sociale par la relance de ces unités.

Ce qui fait dire à M. Takdjout, un proche de M. Abdelmadjid Sidi-Saïd, secrétaire général de l’Union Générale de l’Union des Travailleurs algériens (UGTA), qu’il y a des « contradictions » au sein du gouvernement. M. Takdjout affirme déceler « une volonté chez certains ministres, mais pas chez d’autres » pour financer le secteur. « Le gouvernement n’est pas homogène, il y a des contradictions entre les uns et les autres », a-t-il dit, en rappelant les engagements du ministre de l’industrie, M. Cherif Rahmani.

Haro sur les importations

Autre cheval de bataille des syndicats et des partisans d’une relance du secteur public grâce aux financements de l’Etat, M. Takdjout a vivement critiqué l’accord d’association avec l’Union européenne. Pour lui, il est « ridicule d’aller à l’ouverture du marché dans la situation actuelle ». « Aller à la compétition sans entreprises, c’est offrir le marché algériens aux produits d’autres pays. Cela revient à financer les économies des autres pays », a-t-il dit, ajoutant qu’il « faut protéger l’économie nationale ». M. Takdjout propose de « créer des entreprises d’abord » avant d’ouvrir le marché à la compétition. Selon lui, il est possible de satisfaire « 20% du marché national. En termes d’emplois, c’est conséquent ».

Le responsable syndical affirme aussi que le secteur privé a disparu dans le domaine du textile. « Le privé n’existe pas dans le secteur ; il y a quelques noms, pas plus ». Selon lui, il y avait 4.500 manufactures dans les années 1980, contre moins de cent aujourd’hui, alors qu’on « peut créer plus d’emplois dans la manufacture que dans les autres filières, comme l’automobile ». Selon lui, l’Algérie est compétitive, avec des « salaires plus faibles qu’au Maroc et en Tunisie, et une fiscalité moins élevée ». Mais l’Algérie est bloquée par « la corruption et la bureaucratie », a déclaré M. Takdout, qui a vivement critiqué des « entreprises étrangères, notamment chinoises, travaillent sans respecter les règles de l’environnement ».