La Russie efface la dette Algérienne
El Watan, 11 mars 2006
Alger s’engage, en contrepartie, à acheter des biens et services auprés de Moscou
Moscou a effacé, hier, la dette de l’Algérie vis-à-vis de la Russie, estimée à 4,7 milliards de dollars, selon un document signé lors de la visite à Alger du président russe, Vladimir Poutine, a rapporté l’AFP, citant des agences russes.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et son homologue algérien Mohamed Bedjaoui ont signé un accord sur le règlement de cette dette contractée par l’Algérie dans les années 1960 et 1970, selon l’agence Ria Novosti. Le montant de la dette effacée par la Russie représente environ 25% de la dette totale extérieure algérienne, qui se montait à 16 milliards de dollars au début de l’année. Selon l’APS, l’Algérie s’engage à acheter des biens et services auprès de la Russie pour un montant équivalent de la dette en contrepartie de cette annulation. Les deux pays ont également signé des contrats de livraisons d’avions de guerre pour plus de 3,5 milliards de dollars, a annoncé hier le directeur général du constructeur aéronautique MiG, Alexeï Fedorov, interviewé à Alger par la télévision russe Rossia, a rapporté l’AFP. Citant le patron de la société publique russe d’exportations d’armements, Roso Boronexport, Sergueï Tchemezov, la télévision Rossia, reprise par l’AFP, a affirmé que le total des commandes militaires algériennes à la Russie, avions compris, dépassait 7,5 milliards de dollars. Vladimir Poutine est arrivé à Alger, hier, en début d’après-midi pour une visite officielle à l’invitation du président Abdelaziz Bouteflika. M. Poutine, qui est accompagné d’une importante délégation, a été accueilli à l’aéroport Houari Boumediène par le chef de l’Etat algérien. Initialement prévue pour deux jours, à compter de jeudi, la visite de Vladimir Poutine a été reportée d’une journée et réduite à quelques heures, sans explication officielle à Moscou ou Alger. Après l’accueil à l’aéroport, les deux chefs d’Etat se sont dirigés vers le siège de la Présidence à El Mouradia pour un entretien en tête-à-tête de trois heures et demie. La rencontre s’est ensuite poursuivie avec la participation des délégations. Les sujets principaux ont été la coopération entre les deux pays dans le secteur gazier, la dette ainsi que la situation au Proche-Orient, en Irak et la lutte contre le terrorisme, selon l’agence Ria Novosti. Ces entretiens ont regroupé, du côté algérien, le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, le ministre des Finances, Mourad Medelci, le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, le ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, Cherif Rahmani, ainsi que les ministres des Transports, Mohamed Maghlaoui, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, et les ministres délégués auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia, et celui chargé de la Réforme financière, Karim Djoudi, et le conseiller diplomatique du Président, Abdelatif Rahal. Etaient présents du côté russe, le ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, le secrétaire général du Conseil de sécurité russe, Igor Ivanov, le ministre du Développement régional, Vladimir Yakovlev, le vice-ministre des Finances, Serguei Storchuk et le PDG de la compagnie pétrolière russe Gazprom, Alexei Miller. En plus du protocole consacré à l’effacement de la dette, trois autre protocoles d’accord bilatéraux de coopération ont été signés en présence des chefs d’Etat des deux pays. Il s’agit d’un protocole d’accord sur « la non-double imposition » entre les deux pays, un deuxième portant sur « la promotion et la protection des investissements » et le troisième concernant « la coopération entre la chambre algérienne de commerce et d’industrie et la chambre de commerce et d’industrie de la Fédération de Russie ». Vladimir Poutine s’est recueilli, hier, au sanctuaire des Martyrs (Alger) à la mémoire des martyrs de la guerre de libération, accompagné, fait peu habituel, de Rachid Harraoubia, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. A signaler que les journalistes de la presse privée n’ont pas été autorisés à couvrir la visite du président russe.
Adlène Meddi