Première opération de privatisation d’une entreprise agroalimentaire en Algérie

Première opération de privatisation d’une entreprise agroalimentaire en Algérie

L’Enasucre sera cédée à Blanky

par Youcef Brahimi , Le Jeune Indépendant, 20 juin 2004

L’entreprise publique ENASUCRE, spécialisée dans le raffinage du sucre, sera cédée au groupe privé Blanky pour un montant de 95 milliards de centimes, avons-nous appris de source officieuse auprès du Conseil des participations de l’Etat (CPE).

Blanky, qui appartient à la famille Cherfaoui, s’est en outre engagé à investir 150 millions d’euros pour la rénovation des trois unités de production de l’Enasucre contre l’acquisition de 80 % des actions de l’entreprise publique qui emploie 800 permanents.

Le dossier de cession de l’Enasucre devrait être incessamment validé par le CPE que préside le chef du gouvernement M. Ahmed Ouyahia, qui avait instruit l’ex-ministre des Participations M. Temmar le 21 juillet 2003 de constituer une commission de négociation.

Côté UGTA, le ton est rassurant après que Blanky, qui utilise depuis septembre 2002 les raffineries de l’Enasucre grâce à un contrat de prestations de services, ait garanti le maintien de l’ensemble des employés. La réunion du CPE devra en outre trouver une issue aux 4,5 milliards de dinars de dettes contractées par l’Enasucre.

L’actif de l’entreprise publique compte trois raffineries (Khemis-Miliana, Mostaganem et Guelma), ainsi que 2 silos portuaires (Annaba et Mostaganem). Un lot de terrain, sis à Mostaganem servant de colonie de vacances aux enfants des travailleurs de l’Enasucre, a été cédé à la DGSN, alors que le siège d’Aïn Defla a été racheté par la Cnep.

Pour rappel la demande nationale en sucre blanc est évaluée à 1,2 million de tonnes dont la moitié est assurée par la production de Blanky à travers l’Enasucre et Cevital. L’ENCG en sursis Par ailleurs le ministre des Finances a, sur instruction du chef du gouvernement, donné un nouveau sursis au groupe quasiment en faillite de l’ENCG qui détient 75 % de parts de marché d’huile de table avec 240 000 tonnes/an pour un chiffre d’affaires annuel de 1 800 milliards.

La banque BADR a ainsi reçu l’ordre de supporter les approvisionnements du groupe public jusqu’en septembre, délai durant lequel le rapport de l’audit externe sur la gestion de l’ENCG sera finalisé. Cette banque publique avait, en janvier dernier, bloqué pour quelques jours le financement des importations de l’ENCG avant que le gouvernement n’intervienne.

L’ENCG, qui emploie 4 000 personnes dans 5 unités et produit essentiellement de l’huile de table et accessoirement de l’huile de maïs et de l’huile acide destinées à l’exportation, croule sous un découvert bancaire de plus de 800 milliards de centimes, contre des créances douteuses d’un montant de 400 milliards.La demande en huile de table est estimée à 300 000 tonnes/an que couvre la production de l’ENCG et celle du groupe privé CEVITAL.

Y. B.