Les multinationales recourent beaucoup aux pots-de-vin pour obtenir des marchés

Selon le président de l’Association algérienne de lutte contre la corruption :

Les multinationales recourent beaucoup aux pots-de-vin pour obtenir des marchés

par Naïma B., Le Jeune Indépendant, 24 novembre 2007

Les multinationales travaillent pour l’obtention de marchés à n’importe quel prix, et le cas de Siemens en Allemagne avec le versement de pots-de-vin pour l’obtention de marchés est un cas édifiant, selon l’orateur. «La justice algérienne doit s’autosaisir du dossier de Siemens, qui a défrayé la chronique en Allemagne.

Nous sommes certains que Siemens a usé de beaucoup de corruption en Algérie», a-t-il déclaré. Malgré une volonté politique apparente de lutter contre la corruption, les discours officiels ne se traduisent pas sur le terrain. De fortes résistances à la mise en place d’une stratégie de lutte existent, selon l’orateur.

Ainsi, plus d’une année après l’adoption de la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, les textes d’application n’ont pas encore vu le jour. La mise en place d’un organisme de lutte contre la corruption n’a pas eu lieu et la déclaration du patrimoine ne se fait pas, d’où des questions à se poser sur les blocages.

L’attribution des marchés publics dans le cadre du plan quinquennal pour la relance économique pour lequel 200 milliards de dinars ont été alloués n’est pas transparente, a-t-il mentionné, tout en réitérant que le gré à gré dans l’attribution des marchés publics doit être l’exception et non la règle, comme c’est la tendance en Algérie.

Le classement de l’Algérie par Transparency International (TI) pour cette année n’a pas surpris le porte-parole de l’AACC, qui affirme que ce travail s’est fait sur la base de 5 enquêtes de TI sur des organismes différents et indépendants dans les milieux d’affaires, d’investissement et diplomatiques.

Un classement qui a été conforté par d’autres indices relatifs à la bonne gouvernance, où l’Algérie a obtenu de mauvais résultats. Le gré à gré dans l’attribution des marchés, qui constitue le lit de la corruption, gangrène de plus en plus de secteurs, et les pays qui ont supprimé cette méthode ont réalisé des améliorations dans le classement de TI, a mentionné Djilali Hadjadj.

La note obtenue par l’Algérie dans ce classement traduit un haut niveau de corruption dans les institutions de l’Etat, selon M. Hadjadj, qui a cité plusieurs exemples de marchés attribués de manière opaque, dont celui de l’organisation des jeux Africains de 2003 dans notre pays.

Après une longue traîne et à l’approche de la manifestation, les marchés ont été attribués au gré à gré sous le prétexte de faire vite, selon le porte-parole de l’AACC, qui souligne que le bilan risque d’être noir, d’où la nécessité pour la Cour des comptes de se saisir de cette gestion.

Le ministère de la Justice a recouru à cette méthode pour l’attribution du marché pour la construction d’une dizaine de prisons. L’importation d’équipement médical lourd par le ministère de la Santé a été également dénoncée par M. Hadjadj tout comme le marché pour la réalisation du nouveau siège du Conseil constitutionnel qui a été attribué selon la même méthode alors qu’il n’y avait pas urgence.

Par ailleurs, l’invité de la Chaîne II a appelé à des réactions plus fermes et à des mesures adéquates de la part du ministère de l’Intérieur et de la Direction générale de la Sûreté nationale concernant des cas avérés de corruption dans la wilaya de Khenchela, où une enquête de proximité a montré l’étendue du phénomène.

Malgré un budget gouvernemental attribué à cette wilaya, le taux de réalisation des projets est des plus faibles du pays. Après la publication du rapport, des enquêtes du gouvernement ont été entamées et les projets en sommeil avaient soudainement commencé à être relancés, mais cela n’a pas été à la mesure de la situation, selon le président de l’AACC.

N. B.