Réalisation du métro et du tramway d’Alger

Réalisation du métro et du tramway d’Alger

Amar Tou nie les retards et les surcoûts

El Watan, 24 novembre 2010

Aucun retard en vue, pas de surcoût à l’horizon dans la réalisation des projets du métro et du tramway.

Avec un aplomb extraordinaire, le ministre des Transports, Amar Tou, que d’aucuns ne peuvent soupçonner de vouloir nier les évidences, a évacué d’un revers de la main tout glissement dans les plannings de la réalisation des deux interminables projets. «Si nous devions faire une évaluation globale des projets du métro et du tramway, nous sommes dans une marge acceptable en matière de délai de réalisation», a déclaré hier l’invité de la rédaction de la radio Chaîne III.

Le ministre – qui entamera son émission par un tacle méchant de la journaliste Souhila El Hachemi : «Je vous fais la petite observation suivante, lui lance-t-il : vous donnez toujours l’impression d’animer une radio d’Alger et non pas une radio d’Algérie» – s’est attelé des minutes durant à «rétablir la vérité» au sujet des délais de réalisation. Les gens «se trompent», d’après lui, quand ils situent les travaux (vers la fin des années 1980). «Vous savez très bien que le pays a traversé depuis une situation financière désastreuse, puis la décennie noire du terrorisme et ce n’est qu’en 2003 à l’issue d’une visite sur site que le président Abdelaziz Bouteflika a ordonné la reprise des travaux qui étaient complètement à l’arrêt. Les études ont été lancées en 2004. En 2005, le marché a été attribué et ce n’est qu’en 2006 que la mise en exécution du contrat a été effective. C’est-à-dire que le début des travaux n’a été effectif qu’en mars 2006. On n’est qu’à 4 ans du début des travaux et actuellement la réalisation est à un stade très avancé.» «L’année 2011, promet-il, connaîtra la mise en service du fameux métro d’Alger.» Combien de milliards a-t-il englouti ? Le ministre chasse d’emblée le spectre du gouffre financier planant sur ce projet. Son coût global serait «très très faible». «C’est un projet progressif. Je ne peux parler pour le moment que de la partie réalisée, soit les 10 km du premier tronçon. Contrairement à ce que pensent les gens, le coût du projet n’est pas de plusieurs milliards de dollars, mais de 1,2 milliard de dollars. 90 milliards de dinars. Comparé à un projet réalisé par un pays du Golfe, avec la même distance, le même nombre de stations, pour un montant de 4,7 milliards de dollars, vous voyez la grande différence».

Même dose d’optimisme pour le tramway de la capitale. Amar Tou présentera ses «excuses» pour les désagréments occasionnés par les travaux et annonce que la mise en service commerciale de la première ligne allant des Fusillés (Ruisseau) à Fort-de-l’Eau (Bordj El Kiffan) est prévue pour la fin 2011. «Les travaux du premier tronçon seront achevés à la fin décembre 2010. Toutes les jonctions du premier tronçon ont été faites. Après cela, nous allons commencer la préparation de la mise en service du tramway.» Ce délai sera-t-il respecté ? «Je pense qu’il n’y aura pas encore des dérives de planning.» «Tout retard induit des surcoûts. Qui va les prendre en charge ? Les entreprises réalisatrices ou l’Etat ?» le questionne encore le journaliste. Fâchant, cette question fait sortir le ministre de ses gonds : «Vous êtes sur un domaine qui vous dépasse ! Jusqu’à maintenant, il n’y a pas de surcoût (…)

Nous avons un planning et en tant que ministre, je veille à son respect et aussi à éliminer toutes les contraintes qui sont créées par l’environnement aussi bien administratif que technique.» Questionné sur les mises en demeure adressées à certaines entreprises françaises chargées de la réalisation du tramway d’Alger, Amar Tou prend son monde à contre-pied. «Je n’ai pas lancé d’ultimatum pour les entreprises, dit-il. Ni de mises en demeure (…) Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui. Cela veut dire que nous ne sommes pas encore à ce stade de retard qui invite à adresser des mises en demeure.» Concernant le désordre caractérisant le secteur des transports urbains, le ministre promet que l’année 2011 «sera celle de la législation», de l’«organisation» avec la mise en place d’«autorités organisatrices». «Nous avons laissé faire depuis la fin des années 1980. Nous sommes obligés de tout reprendre. Nous préparons actuellement tous les aspects juridique et organisationnel pour remettre de l’ordre à l’intérieur. Les désordres ne seront pas tolérés», indique le ministre.
Mohand Aziri