Wataniya Telecom: Les Koweïtiens cèdent leurs parts

CAPITAL DE WATANIYA TELECOM

Les Koweïtiens cèdent leurs parts

Le Soir d’Algérie, 7 octobre 2012

Le groupe qatari Qtel a clôturé, jeudi, les délais impartis à l’opa sur Wataniya Telecom par l’acquisition de 90,5% des actions de celle-ci. Par conséquent, le capital social de Nedjma sera désormais géré avec une majorité absolue pour le groupe qatari Qtel. L’annonce officielle de la transaction est attendue pour cet après-midi à Koweit-City.
Après une longue hésitation, le fonds d’investissement koweïtien a cédé ses parts qui constituaient une proportion de 23,5% de l’ensemble du capital du groupe. Des petits porteurs ont également vendu leurs parts pour porter à 38% les actions acquises par Qtel à travers l’opa (offre publique d’achat) lancée le 4 septembre dernier. Des sources affirment que l’opération a coûté la somme de 1,7 milliard de dollars, puisés sur les fonds propres de Qtel.

Nedjma dans l’œil du cyclone

Les menaces de notre ministre des Finances n’auront finalement provoqué aucune incidence sur l’opération lancée par Qtel pour l’acquisition totale de Wataniya Telecom et par conséquent sa filiale algérienne Nedjma. Le droit de préemption, imposé depuis 2009 par la législation algérienne, ne semble pas effrayer les Qataris de Qtel. D’ailleurs, Wataniya a transmis à l’autorité boursière de Koweit- City une correspondance à travers laquelle elle tentait de réconforter le marché, en précisant que le gouvernement algérien n’a pas saisi la société sur cette question. Comptent-ils sur le poids politique du Qatar pour faire admettre cette transaction en Algérie ? On n’en sait rien pour l’instant. En tout état de cause, il faut s’attendre à des répercussions sur la gestion de Nedjma, dans la mesure où le groupe qatari a fait connaître son intention d’investir immédiatement dans l’infrastructure de sa filiale algérienne même si, pour l’instant, il n’avance aucun chiffre. Qtel vient tout juste de rembourser la somme de 3 milliards de dollars pour un crédit conclu en 2007 avec des banques pour l’acquisition de 51% des actions de Wataniya Telecom. Par ailleurs, la société de cotation internationale Moody’s a considéré en juin dernier que l’opération d’acquisition totale des parts de Wataniya constituait une démarche négative pour Qtel. De même, Standard & Poor’s a confirmé en février dernier la note A/A-1, qui implique une assurance dévaluée pour les futurs emprunts auxquels devrait recourir Qtel. Selon cette agence, l’Algérie figure dans une logique de BBB- /Negative/A-3 sur les devises et BBB/Negative/A-3 sur la monnaie locale. Ceci veut dire que Qtel sera obligée de financer les investissements de Nedjma sur ses ressources propres, car il lui sera difficile d’obtenir des crédits bonifiés pour sa filiale algérienne. Ceci au regard, probablement, du volume des bénéfices encore limités de Nedjma par rapport à ses concurrents. Dans ses conclusions, l’agence internationale de notation a expliqué que «dans notre scénario de base, nous supposons que Qtel sera axée sur la croissance organique de son portefeuille d’actifs, et permettra d’éviter d’importantes acquisitions qui augmenteraient de façon significative son endettement. Afin de préserver les évaluations actuelles, Qtel doit augmenter son levier financier, et une augmentation de la dette sans avoir la capacité de la réduire à des niveaux indiqués dans l’horizon de 12 mois, pèserait sur les évaluations. L’agence menacera plus loin : «Nous pourrions abaisser les notes de Qtel si son influence dépasse nos attentes à la suite d’acquisitions ou de sous-performance significative. Une réduction significative de la participation de l’État dans la réévaluation Qtel pourrait conduire à une dégradation de trois crans, même si nous voyons ce risque comme minime à ce stade.» Le rapport de cette agence, Standard & Poor’s, confirme ainsi l’implication de l’Etat qatari dans les équilibres financiers de Qtel et implique également une couverture politique qui fera de cet opérateur de la téléphonie mobile, un leader dans le Proche-Orient.
Mokhtar Benzaki