La Grande-Bretagne veut damer le pion à la France
Elle encourage ses hommes d’affaires à investir en Algérie
La Grande-Bretagne veut damer le pion à la France
Par :Samia Lokmane-Khelil, Liberté, 9 novembre 2008
Gareth Thomas, secrétaire d’État au Commerce et à l’Investissement, souhaite améliorer le classement de son pays en matière d’investissements dans notre pays. Selon lui, le marché algérien est très attractif.
“Certains pensent que le business en Algérie ne peut se faire qu’avec la France. C’est faux.” Cette sentence émane de Gareth Thomas, secrétaire d’État britannique au Commerce et à l’Investissement, qui assistait jeudi dernier à Londres à l’ouverture d’une conférence sur les opportunités d’affaires britanniques dans notre pays. La rencontre, co-organisée par The Middle East Association (organisation non gouvernementale spécialisée dans la promotion des investissements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient) et les services du Foreign Office, était une occasion pour le représentant du gouvernement de Gordon Brown d’afficher les prétentions de son pays en matière de présence économique et commerciale en Algérie. “La Grande-Bretagne est le 13e plus grand investisseur étranger en Algérie. Je souhaite qu’on puisse améliorer ce classement dans les prochaines années”, a-t-il dévoilé. M. Thomas s’exprimait devant un très large auditoire algéro-britannique (environ 150 invités dont les responsables de 80 compagnies anglaises), constitué d’hommes d’affaires, de représentants du monde de la finance et des assurances, et du secteur des hydrocarbures, d’experts, de diplomates et d’universitaires.
La délégation algérienne était conduite par Hamid Temmar, ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements. Les ambassadeurs des deux pays, MM. Mohamed Salah Dembri et Andrew Henderson, ont également pris part à la conférence. Entre le pétrole, le gaz et d’autres ressources très captivantes, et une situation sécuritaire pouvant être dissuasive, l’Algérie présente un profil contrasté. Mais, manifestement, ce n’est pas tant le terrorisme qui est susceptible de constituer un frein aux investissements britanniques.
Les entraves à l’ouverture économique représentent une menace plus importante. “Il est vital de résister à la tentation de fermer le marché à la concurrence étrangère”, a plaidé le secrétaire d’État britannique au Commerce. Saluant l’engagement de l’Algérie à parachever la libéralisation et la diversification de son économie, M. Gareth considère que cette démarche est favorable à l’émergence de nouvelles opportunités d’investissement britanniques, pas uniquement dans le secteur des hydrocarbures mais dans d’autres domaines comme la finance, les services, les infrastructures, les télécommunications, l’éducation, etc. “L’Algérie et la Grande-Bretagne doivent travailler ensemble pour renforcer leurs relations commerciales”, a indiqué par ailleurs M. Thomas, révélant que le niveau d’échange dépasse 1 milliard de livres annuellement.
En 2009, le responsable britannique doit conduire une mission d’hommes d’affaires dans notre pays. À son avis, ce genre de visites est de nature à consolider la présence économique britannique en Algérie. Il a rappelé à cet égard le séjour effectué en octobre 2007 par le Duc d’York, en sa qualité de représentant du Royaume-Uni pour le commerce extérieur et les investissements. Pour renseigner davantage les investisseurs britanniques sur le climat d’affaires en Algérie, Gareth Thomas propose l’ouverture à Londres d’un bureau d’information. En attendant la réalisation de ce projet, Hamid Temmar s’est attelé jeudi à faire un compte rendu exhaustif des progrès accomplis par l’État algérien dans le cadre du redressement de la machine économique et la promotion des investissements étrangers. “Notre pays est réputé comme étant fermé. Or, notre code des investissements est le plus libéral de tous les pays de la rive sud de la Méditerranée”, a observé le ministre de l’Industrie est de la Promotion de investissements. Évoquant des difficultés qui prévalent dans la mise en marche de certaines réformes, il a avoué qu’il subsiste encore quelques obstacles à l’investissement privé. “Nous avons un gros problème avec la bureaucratie”, a révélé M. Temmar. S’exprimant sur la corruption, il note que son éradication est tributaire des actions engagées pour réduire la bureaucratie. Le ministre a clos son intervention en adressant une invitation aux hommes d’affaires du Royaume-Uni à se rendre en Algérie dans le cadre d’une conférence de même type, pour tâter le terrain et forger leur propre jugement.
Dans le cas de Lady Olga Maitland, présidente de l’Association d’affaires algéro-britannique, le paramètre sécuritaire ne constitue guère un motif de découragement. “Quand je me rends en Algérie, je n’ai pas peur. Je vais là où je veux”, a-t-elle insisté. Son propos a été étayé par Tim Willis, directeur des opérations pour l’Afrique du Nord, de Control Risks, un organisme britannique chargé d’évaluer les risques d’investissement sur le plan de la sécurité. Selon lui, la situation sécuritaire en Algérie est maîtrisée. “Les derniers attentats kamikazes à la voiture piégée n’ont pas altéré le niveau de la menace terroriste et n’ont pas affecté les investissements étrangers”, a-t-il souligné.
Des représentants de compagnies britanniques présentes en Algérie, comme BP, HSBC et Biwater, se sont succédé à la tribune pour faire part de leur propre expérience. En marge de la conférence, Akli Brihi, directeur général de BP Algérie — plus gros investisseur du Royaume-Uni — a indiqué que ce genre de rencontres est propice à la création de passerelles d’échanges entre les hommes d’affaires des deux pays et confirme que l’Algérie représente de grandes opportunités d’investissement.
S.L.-K.
Andrew Henderson à Liberté
“La situation sécuritaire en Algérie ne fait pas peur aux hommes d’affaires britanniques”
Par :Samia Lokmane-Khelil
Sur un autre chapitre, le diplomate affirme qu’entre 13 000 et 14 000 visas d’entrée au Royaume-Uni ont été accordés à des citoyens algériens depuis début 2008.
“Je suis très content en Algérie. J’ai la possibilité de me déplacer et de voyager sans risques”, assure Andrew Henderson. Ce genre d’assertion pourrait-il constituer un préalable à un allégement des restrictions contenues dans le travel warning (les conseils aux voyageurs publiés par le Foreign Office) en vigueur depuis les attentats d’Alger en 2007 et conduire Londres à réviser son appréciation du niveau de la menace terroriste en Algérie.
Écartant une éventuelle modification du travel warning dans l’immédiat, l’ambassadeur du Royaume-Uni affirme qu’il est du devoir du gouvernement britannique d’informer ses ressortissants et de les exhorter à la prudence. Pour autant, M. Henderson réfute toute idée selon laquelle ce genre d’avertissement pourrait avoir un impact négatif sur la cadence des investissements britanniques en Algérie.
Selon lui, la situation sécuritaire dans notre pays ne fait pas peur aux patrons anglais. “Les hommes d’affaires font du business partout dans le monde. Il y a des régions où il y a des problèmes, mais cela ne les empêche pas d’y aller”, fait-il remarquer. Intervenant au cours de la conférence sur les opportunités d’affaires dans le secteur de l’industrie en Algérie, le diplomate estime qu’“il y a un grand besoin d’augmenter les contacts entre les deux pays” pour informer les businessmen britanniques sur le marché algérien. Évoquant “des périodes de silences” ayant marqué quatre siècles de relations entre les deux pays, il estime que les choses changent.
Outre BP, Il a cité de grands noms de l’économie britannique qui ont un pied en Algérie comme Unilever, HSBC, British-American Tabacco, British Airways ainsi qu’un certain nombre de PME-PMI. Le renforcement des relations bilatérales s’exprimant aussi à travers la mise en place de plus grandes facilitations à la circulation des personnes, l’ambassadeur a révélé qu’entre 13 000 et 14 000 visas d’entrée au Royaume-Uni ont été délivrés par les services consulaires britanniques à Alger, sur environ 18 000 dossiers traités au cours de la même période.
S. L.-K.
Réunion du comité mixte Algéro-britannique
Le remplaçant de Kim Howells à Alger à la fin du mois
Par :Samia Lokmane-Khelil
Bill Rammel, nouveau secrétaire d’État au Foreign Office chargé des Affaires étrangères et du Commonwealth, se déplacera à Alger à la fin du mois en cours, en prévision de la réunion du comité mixte algéro-britannique qu’il préside en compagnie d’Abdelkader Messahel, ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines. Le comité mis en place au cours de la visite d’État effectuée par le président Abdelaziz Bouteflika à Londres en juillet 2006 a pour mission d’encadrer les relations bilatérales et de veiller à l’application des engagements pris par les responsables des deux pays en matière de coopération économique, sécuritaire, de politique migratoire, etc. La dernière session s’est tenue il y a un peu plus d’une année. Depuis, un changement est intervenu à la tête de cette instance. Suite à un remaniement ministériel opéré en octobre dernier, Bill Rammel a succédé au poste de Kim Howells. Avec son départ, le poste qu’il occupait en tant que secrétaire d’État chargé de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient a disparu également. Son remplaçant bénéficie de plus larges prérogatives couvrant d’autres parties du monde et concernant des domaines comme la lutte contre le terrorisme, le crime organisé ainsi que l’immigration clandestine.
S. L.-K.