«Dispositif de protection»

«Dispositif de protection»

par K. Selim, Le Quotidien d’Oran, 11 octobre 2008

Les députés algériens ont demandé un «dispositif» capable de protéger l’économie nationale des «effets néfastes» de la crise financière mondiale.

On peut accorder à ces députés inquiets le bénéfice de la sincérité, mais on ne voit pas quel «dispositif» pourrait être pris par le gouvernement pour nous épargner ces effets néfastes. Il y a la réduction des dépenses, bien sûr – et les récentes hausses de la solde des députés n’en ont pas été un bon exemple – et sans doute une réévaluation à des niveaux plus modérés des investissements dans les infrastructures…

Mais l’Algérie ayant une économie totalement dépendante des hydrocarbures, elle ne dispose pas de beaucoup de leviers permettant de mettre un dispositif de protection. Le prix du pétrole – qui baisse, qui baisse… – ne dépend pas de nous. Et même si nous faisons partie de l’Opep, notre poids y est très relatif par rapport au poids lourd saoudien. On en a eu un aperçu récemment. Un dispositif de protection même relatif serait plus aisément imaginable si nous avions une économie diversifiée et non exclusivement fondée sur l’exportation des hydrocarbures et de l’importation de pratiquement tout ce dont on a besoin. C’est donc tout naturellement en termes d’années d’importations que permettent nos réserves de change que nous raisonnons.

Cette totale dépendance à l’égard du pétrole, on ne cesse d’en avoir le reflet dans les rapports internationaux. Dernier en date, celui du classement de la compétitivité internationale publié chaque année par le Forum économique mondial de Davos. On se découvre, sans grande surprise, à la 99e place, très nettement distancés par la Tunisie, quatrième dans le monde arabe et 35e au niveau mondial. Les Tunisiens n’ont pas beaucoup de pétrole, ceci explique cela… On est loin aussi du Maroc (73e), mais également de la Syrie (78e) et aussi d’un pays pétrolier comme la Libye (91e).

Certes, de nombreux experts discutent de la fiabilité des méthodologies du classement d’un forum chantre d’un ultralibéralisme qui met l’économie mondiale dans la pire crise qu’elle ait connue depuis 1929. Mais ce classement – combiné à d’autres comme le Doing Business ou celui de Transparency – dresse un portrait juste de notre économie. Une économie est compétitive quand ses structures sont solides, quand la qualification de sa main-d’oeuvre est élevée, quand son administration marche au lieu d’entraver et quand le poste de Recherche et Développement fonctionne bien.

C’est sans doute cela le vrai «dispositif» de sûreté d’une économie et il faut bien constater que nous ne l’avons pas. Nos retards dans ces domaines sont lourds et il est improbable qu’ils puissent être rattrapés sur des temps courts. Il ne nous reste qu’à suivre les cours du pétrole et à souhaiter des météos inclémentes dans les pays industrialisés pour conforter une demande qui commence à s’effriter…