La crise, nous y sommes en Algérie
par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 6 octobre 2008
Maintenant que la déferlante de la crise financière née aux Etats-Unis a atteint les autres principales puissances économiques de la planète, il n’est plus de pays pouvant s’affirmer à l’abri de son onde de choc. Ce que précisément soutiennent chez nous des experts et spécialistes reconnus, pour qui l’Algérie ne tardera pas à subir les retombées de cette crise.
Ils sont néanmoins contredits par les autorités du pays qui, elles, développent un discours rassurant, proclamant que le pays est à l’abri de la tempête financière qui souffle ailleurs.
La question est d’importance. Sauf qu’à supputer sur ce qu’il pourrait advenir au pays par cette crise financière et probablement économique dans un proche avenir, l’on oublie que nous sommes déjà en crise de par notre propre situation intérieure. Ce constat, il n’y a pas que les opposants au Pouvoir à l’avoir établi, puisque Bouteflika l’a lui-même endossé en juillet dernier en reconnaissant qu’en matière économique, le pays «est allé au mur».
Ce qui enlève tout crédit par conséquent au discours lénifiant des autorités quant à la capacité de l’Algérie de se prémunir des conséquences de la crise internationale. Comment ces mêmes autorités, qui bénéficiant d’un contexte favorable ont échoué à redresser puis à relancer l’économie nationale, pourraient convaincre qu’elles sont aptes à épargner au pays d’éventuels développements négatifs pour lui de cette crise?
En fait l’Algérie, plus que d’autres pays dans le monde, est désarmée face au chaos économique et financier qui s’abat sur le monde. Déjà en crise, comme souligné précédemment, le pays ne tient et ne fonctionne en apparence que grâce à sa manne pétrolière. Que celle-ci en vienne à être significativement réduite et ce ne sera pas à une crise sociale latente, comme c’est le cas présentement, qu’il sera confronté. Si dans les années quatre-vingt, l’effondrement des prix du pétrole a préparé le terrain à l’explosion d’Octobre 88 et à une décennie rouge du sang des citoyens, un remake de ce scénario, mais plus dramatique encore, est à envisager malheureusement.
Pouvoir et autorités publiques proclament qu’ils ont tiré leçon de l’échec par lequel s’est soldée leur politique économique mise en oeuvre pendant près d’une décennie. Ils affirment avoir révisé leur démarche en la matière et opté pour une nouvelle stratégie de développement.
Sauf que cette politique du «on efface tout et on recommence», dont nos gouvernants sont les adeptes, ne s’est traduite que par des erreurs enchaînées ayant eu pour conséquence d’aggraver les problèmes qui se posent au pays.
Faute d’impliquer toutes les forces vives dans la réflexion et la définition des politiques financières, économiques et sociales que le pays doit suivre pour atteindre au développement, il est à craindre qu’il ne sera pas en mesure d’anticiper les retombées négatives éventuelles de la crise financière et économique internationale qui enfle dangereusement.