Projet de création de grands groupes économiques

Projet de création de grands groupes économiques

Des cabinets étrangers définissent une nouvelle stratégie

El Watan, 14 août 2008

Les nouveaux fleurons de l’industrie que le gouvernement veut créer seront composés d’entreprises publiques et privées et pourront ouvrir leur capital à des investisseurs privés, selon une information rapportée par Oxford Business Group (OBG).

Quatre cabinets de consultants étrangers, dont KPMG et Deloitte France, définissent actuellement la stratégie à suivre pour faire de ces 13 champions industriels une réalité algérienne, selon OBG. Parmi les secteurs « prioritaires » identifiés, OBG cite la branche pétrochimie, la sidérurgie, l’aluminium ou l’agro-industrie. Concernant les engrais et les phosphates, le nouveau « champion industriel » comptera sur Ferphos, l’entreprise publique algérienne, qui produira 20 millions de tonnes de phosphates par an d’ici 2020, contre 2,5 millions cette année, indique OBG. Dans une déclaration faite à OBG, le ministre de l’Industrie et de la Promotion de l’investissement, Abdelhamid Temmar, aurait indiqué que « le redéploiement sectoriel repose sur les activités industrielles manufacturières et la valorisation des ressources naturelles que recèle l’Algérie, tant dans la pétrochimie que la sidérurgie, les engrais ou les matériaux de construction, avec pour objectif de réaliser des partenariats public-privé et de réunir les conditions nécessaires au développement d’industries compétitives à même de préparer la substitution aux importations pour ensuite exporter des produits finis algériens ».

Selon le ministre , « l’autre axe de la stratégie industrielle concerne les politiques horizontales, notamment la modernisation des entreprises par la mise à niveau et la promotion des investissements industriels et étrangers, les politiques d’acquisition de technologies modernes, l’innovation et le développement des ressources humaines ». Pour OBG, « la stratégie industrielle a aussi pour objet la densification du tissu industriel à travers l’encouragement des activités industrielles à haute valeur ajoutée, notamment dans les industries pharmaceutiques, électroniques et l’agro-industrie. Le redéploiement spatial, quant à lui, favorisera le développement de nouvelles industries, telles que l’industrie automobile et les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) ».

« Se prémunir d’un retournement du marché pétrolier »

Sachant que la production industrielle hors hydrocarbures représente aujourd’hui moins de 5% du produit intérieur brut (PIB), le temps presse pour faire de l’industrie un secteur prioritaire », selon OBG, qui considère à cet effet que « la recapitalisation des banques publiques et les nouvelles sources de financement qui en découleront permettront de soutenir la stratégie industrielle du ministère de l’Industrie et de la promotion des investissements, qui s’articule autour de deux axes principaux : les politiques de redéploiement sectoriel et spatial et les politiques de développement des activités industrielles ».

Pour le ministre des Finances cité par OBG, « compte tenu de l’embellie financière actuelle et de la volonté de diversifier l’économie, il est essentiel pour l’Algérie de conduire les réformes adéquates pour se prémunir contre d’éventuels retournements des marchés internationaux. Les pouvoirs publics sont tout à fait conscients des répercussions drastiques qu’un éventuel retournement brutal du marché pétrolier international aurait sur les capacités financières de l’Algérie ».

« L’éventualité d’une telle perspective a récemment conduit les pouvoirs publics à vouloir créer 13 ‘champions industriels’ nationaux, dont les premiers pourraient voir le jour d’ici à la fin de l’année. L’idée est de créer plusieurs groupes industriels dans chaque segment industriel, afin de rendre l’Algérie plus compétitive à l’échelle internationale », rappelle OBG. « Grâce à la recapitalisation, les banques publiques sont désormais appelées à devenir les principaux acteurs pour supporter ces besoins de financements prioritaires, mais elles ne seront pas les seules à assumer le coût d’un tel programme », indique OBG, qui cite encore le ministre des Finances pour qui « l’émergence de nouvelles activités de production nécessite aussi l’implication de l’investissement extérieur, source de financement et d’apport technologique favorisant la compétitivité sur les marchés extérieurs ».

Par Liès Sahar