Bellara (Jijel) : une zone industrielle qui se cherche encore !
Jijel, El Watan, 6 décembre 2013
On oublie trop souvent que le projet sidérurgique algéro-qatari s’appuiera essentiellement sur un procédé sidérurgique de réduction directe, donc de la transformation de billettes et de lingots à importer.
Nichée au cœur d’une wilaya à vocation agricole, l’aire de Bellara devait, depuis près d’une trentaine d’années, recevoir des activités industrielles. Destinée au départ à abriter un pôle sidérurgique avant d’être transformée en zone franche, elle est, une nouvelle fois, revenue à la sidérurgie. Entre-temps, la zone industrielle de Bellara (qui n’a d’ailleurs d’industriel que le nom), est depuis plus deux décades en jachère. De ses 523 hectares de surface utile rognées sur les surfaces l’agriculture et bénéficiant du statut de domaine privé de l’Etat, rien n’a été tiré.
Domaine stérile, bénéficiant pourtant d’une position enviée d’une quarantaine de kilomètres du port de Djendjen, d’un raccordement à la voie ferrée et d’un contournement routier sur plus de 5 km, la zone industrielle de Bellara et ses 13 km de clôture a fini par n’accueillir que quelques badauds blasés et lassés d’attendre de voir une quelconque activité réanimer la commune d’El Milia, sur le territoire où trône Bellara. Quelques bovins recherchant des pâturages et des véhicules d’auto-école appréciant l’étendue de l’entrée à la zone et de la route jouxtant la clôture agrémentent toutefois le vide sidéral qui a pris place malgré les aménagements entrepris depuis la création de la zone.
Travaux de terrassement, digue de protection contre les crues de l’oued El Kebir, réseaux de drainage des eaux pluviales, raccordements aux réseaux d’assainissement et d’AEP, ainsi qu’aux réseaux d’électricité et de gaz (un gazoduc longeant la ligne de clôture de la zone), tout avait pourtant été mis en place pour attirer d’éventuels investisseurs. Des bâtiments de services avaient été réalisés dans le cadre du projet de réalisation d’une zone franche, et ce, dans l’objectif de recevoir les bureaux de la police des frontières, de la Douane, de l’Andi, etc.
Un bâti de 7000 m2 abandonné depuis est aujourd’hui altéré par le temps. L’implantation du projet d’usine de montage de véhicules Renault, proposée par le gouvernement à Bellara au constructeur français, se présentait comme une opportunité rêvée de faire enfin un usage utile de l’assiette de terrain. Proposition que le détenteur de la marque au losange refusera. Un refus encore difficile à comprendre pour les autorités locales. Mais qui peut être compréhensible lorsqu’on pense au déficit d’infrastructures dont pâtit actuellement la wilaya de Jijel.
Un déficit en infrastructures routières d’abord. Car, il faut bien le dire, Jijel est isolée de l’autoroute Est-Ouest, veine routière que l’on ne peut rejoindre qu’à partir de Constantine et après avoir traversé les territoires des wilayas de Jijel et Mila sur plus de 150 km de routes étroites et sinueuses. Paysages sans nul doute féeriques et plaisants agrémentant le périple du simple touriste. Mais un circuit cauchemardesque pour le voyageur actif occupé à contourner les nombreux semi-remorques transportant des véhicules fraîchement débarqués du port de Djendjen.
En attendant les qataris…
Un déficit en infrastructures ferroviaires en second lieu. La ligne Cogephar, elle aussi abandonnée depuis sa réalisation, ne suffirait pas à satisfaire les besoins d’une activité industrielle d’envergure. Mais le site peut encore prétendre à une chance, dit-on. Le projet de réalisation d’un pôle sidérurgique, confié à une société mixte algéro-qatarie, semble être aujourd’hui le déclencheur d’importants aménagements prévus pour la zone industrielle de Bellara. Pour l’heure, nul ne sait quelle sera la taille exacte du complexe, ainsi que la surface qu’il occupera et son emprise sur la zone industrielle de Bellara, bien que de ces données dépend l’implantation ou non de PME de sous-traitance, censées graviter autour du pôle sidérurgique. Si l’étude est toujours en cours, il est certain que tout sera finalisé avant la visite de l’émir du Qatar en Algérie, prévue au cours de ce mois de janvier.
Une visite qui sera d’ailleurs mise à profit pour la concrétisation de l’accord par lequel sera finalement créée la société mixte algéro-qatarie, détenue à 51% par l’entreprise publique Sider et le Fonds national d’investissement, tandis que les 49% restants iront à la joint-venture Qatar Steel-Qatar Mining. L’on évoque, aujourd’hui, un investissement initial de 2 milliards de dollars pour une production de 2 millions de tonnes d’acier par an, à partir de 2017 et qui atteindra 5 millions de tonnes dans une seconde phase. Quoique l’on oublie trop souvent que le projet sidérurgique algéro-qatari s’appuiera essentiellement sur un procédé sidérurgique de réduction directe. Donc, de la transformation de billettes et de lingots qui sont des produits sidérurgiques semi-finis à importer, étant donné que le complexe sidérurgique d’El Hadjar peine à satisfaire ses propres besoins en fonte. Le port de Djendjen, conçu à l’origine comme pôle sidérurgique, est appelé à jouer un rôle essentiel.
Le wali de Jijel, Ali Bedrici, confie à ce propos que l’infrastructure maritime est appelée à s’étendre dans l’objectif de doubler ses capacités. Ainsi, a-t-il dû surseoir à l’implantation de petites unités extra-portuaires pour réserver toute la zone, située à l’est du port jusqu’à la gare ferroviaire de Bazoul, au projet d’extension de l’infrastructure maritime. De même qu’un travail devrait être entrepris pour limiter les problèmes d’envasement du port, même si, pense-t-il, que «le relief de Jijel étant boisé, le phénomène est moins grave qu’ailleurs».
Gros travaux d’aménagement
Deux grandes opérations pour l’aménagement du port sont également inscrites. Il s’agit, en premier lieu, de la réalisation d’un terminal à conteneurs à lancer incessamment, et dont les travaux ont été confiés à l’entreprise sud-coréenne Daewoo. Celle-ci prend déjà en charge l’autre opération qui concerne des travaux de protection du port. A ce titre, M. Bedrici explique que la passe d’entrée du port étant trop large, car initialement destinée à laisser passer un certain type de navires, la houle s’infiltrant dans le bassin en fait un espace instable. Pour y remédier, la digue principale et secondaire seront prolongées de 400 et de 250 m afin de réduire la passe d’entrée de 600 à 250 m. les travaux de réalisation seraient d’ailleurs de 60 à 70% de taux d’avancement.
La jonction entre le port et la zone industrielle de Bellara est tout naturellement assurée par ligne ferroviaire. Une bretelle de la ligne Cogéphar est destinée à être électrifiée et doublée. La wilaya de Jijel compte aussi sur la réalisation d’une pénétrante de 100 km reliant le port de Djendjen et l’autoroute Est-Ouest, via El Eulma dans la wilaya de Sétif. Une route qui sera accompagnée d’une ligne ferroviaire parallèle doublée et électrifiée. Cependant, la réalisation de ces infrastructures lourdes et des gros investissements à consentir ne suffira pas à elle seule à la fonctionnalité de la zone. Une étude d’aménagement est en cours au niveau de l’UrbaCo, bureau d’étude public basé à Constantine, sous l’égide de l’Agence nationale d’intermédiation et de régulation foncière.
Une étude qui sera coordonnée à l’étude du complexe sidérurgique algéro-qatari. Néanmoins, la réalisation de structures permettant de satisfaire les besoins du futur complexe en eau et en électricité sont d’ores et déjà prévues. L’industrie sidérurgique étant fortement consommatrice d’eau, un projet d’adduction de 20 millions de m3 an via une conduite reliant la zone de Bellara au barrage de Bouciada est sur les tablettes du ministère des Ressources en eau, et l’on n’exclut pas non plus la réalisation d’une station de dessalement d’eau de mer. On prévoit également, selon les propos du wali de Jijel, l’implantation dans la zone d’une centrale électrique de 1200 mw/h. Des équipes de Sonelgaz seraient d’ailleurs en train d’effectuer des sondages pour choisir le terrain destiné à recevoir cette centrale, laquelle ne devrait en aucun cas gêner le survol des lignes à haute tension. C’est dire la lourdeur de l’investissement à consentir pour parer cette zone industrielle de ses plus beaux atours.
En contrepartie, l’infrastructure à réaliser sera certes salutaire pour la wilaya, de même que les emplois à créer par les industries à implanter, mais encore faudra-t-il que l’unité de transformation sidérurgique de Bellara dégage une réelle plus-value pour l’économie nationale !
Melissa Roumadi
Zone d’extension touristique d’El Aouana : l’appel aux investisseurs
El Watan, 6 décembre 2013
La wilaya de Jijel est une wilaya aux grandes potentialités touristiques. Aussi, le wali de Jijel, Ali Bedrici, rappelle que cette dernière bénéficie de plus de 100 km de côtes, avec 19 zones d’extension touristique en devenir.
Il précise, dans ce sens, que jusqu’à aujourd’hui seul le plan d’aménagement de la ZET d’El Aouana a été approuvé, l’ANDT devant effectuer des plans d’aménagement restants. Ainsi, ce plan prévoit pour El Aouna la création de 3 aires à promouvoir. La première dédiée à la réalisation d’hôtels, la seconde pour les résidences privées et les bungalows, et la dernière pour les centres commerciaux et de loisirs. Ce qui en ferait une zone intégrée. M. Bedrici confiait il y a quelques jours que la wilaya de Jijel a, d’ores et déjà, ouvert la voie à l’investissement dans la zone d’El Aouana et que ses services avaient déjà commencé à présélectionner les investisseurs. Bien que l’éventail des demandeurs soit assez large, aucun investisseur étranger ne s’est pourtant manifesté.
Seuls quelques nationaux évoquent, sans plus de précisions, des partenariats avec des étrangers. Cela n’empêchera pas, selon lui, une certaine prudence dans la sélection des investisseurs potentiels, car avec l’élargissement des prérogatives des autorités locales, «la décentralisation ne devra pas se faire au détriment de la qualité des investissements.» Il faudra, selon lui, éviter de brader les terrains «au profit de bricoleurs». Le premier magistrat de la wilaya de Jijel lance, dans ce sens, un appel aux investisseurs sérieux afin de présenter leurs demandes. Et précise que s’il y a de «grands groupes qui s’intéressent à la wilaya, qu’ils se manifestent !»
Melissa Roumadi