“L’Algérie est un des pays les plus vulnérables aux chocs extérieurs”
Pour Salah Mouhoubi, expert international
“L’Algérie est un des pays les plus vulnérables aux chocs extérieurs”
Par :Meziane Rabhi, Liberté, 19 octobre 2008
“L’Algérie sera affectée par la crise financière internationale.” C’est ce qu’a affirmé hier l’expert international le Dr Salah Mouhoubi, lors d’une conférence-débat sous le thème : “La crise financière mondiale : analyse et perspectives” organisée par le Centre d’études stratégiques du journal Echaâb.
M. Salah Mouhoubi estime que le système financier de notre pays, déconnecté du système financier international, sera certes épargné, cependant si la crise se transforme en récession, l’économie algérienne en ressentira les effets.
L’expert estime que l’Algérie n’a pas d’économie. “Nous
avons des matières premières que nous vendons en dollars. Nous ne sommes pas dans la mondialisation”, souligne-t-il.
La crise financière mondiale affectera notre Algérie à travers deux paramètres, le prix du pétrole et la valeur du dollar. En d’autres termes, l’économie algérienne est en connexion avec l’économie mondiale principalement par son commerce extérieur (la vente d’hydrocarbures) et par les placements de ses réserves de change. Si la crise se poursuit et se transforme en récession, il y aura la dépréciation du dollar et la valeur de nos exportations va aussi baisser.
La demande mondiale de pétrole va-t-elle aussi diminuer et avec elle les prix mondiaux des hydrocarbures. “L’Algérie est un des pays les plus vulnérables aux chocs extérieurs et à l’environnement international”, regrette le Dr Salah Mouhoubi, qui propose comme parade “la bonne gouvernance, et la construction d’une véritable économie avec un État fort et juste”.
L’expert est convaincu que “le monde ne sera plus comme avant après cette crise”, qui selon lui, présente des similitudes avec la crise de 1929. M. Salah Mouhoubi regrette que “le monde n’ait pas retenu les leçons des différentes crises qui se sont succédé, notamment la crise asiatique”, indiquant que Joseph Stiglitz, prix Nobel 2001 d’économie, avait auparavant averti sur le risque de résurgence de ce type de crise, résultant “de la spéculation et de la dérégulation”.
Le Dr Salah Mouhoubi
note que, aujourd’hui, tout le monde appréhende les effets négatifs de la crise financière sur l’économie réelle, indiquant que la récession pourrait durer une à deux années.
Cependant, l’expert international trouve des vertus à cette crise. “Elle pourrait déboucher sur la restructuration de ce capitalisme financier débridé”, a-t-il estimé, tout en précisant que ce n’est pas “la mort du capitalisme”, mais c’est peut-être “la fin de l’unilatéralisme américain”.
M. R.