Amar Ghoul s’explique et répond à Abdelwahab Nouri
AFFAIRE DOUNIA PARC
Amar Ghoul s’explique et répond à Abdelwahab Nouri
Le Soir d’Algérie, 8 septembre 2016
Le président du parti TAJ et ancien ministre du Tourisme, de l’Aménagement du territoire et de l’Artisanat, Amar Ghoul, a répondu officiellement à son successeur, Abdelwahab Nouri qui l’accusait ouvertement, en marge d’une récente visite à Tipasa, d’avoir été derrière des attributions illégales de parcelles de terrain au niveau du site Dounia Parc, à Alger.
Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Dans sa sortie fracassante, Abdelwahab Nouri qualifiait «de crime au sens propre du terme» ces attributions de terrains devant servir à la construction de restaurants, fast-foods, cafés, etc. Ce à quoi commencera par répliquer le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en personne qui a désavoué publiquement son ministre du Tourisme ! «Il n’y a pas d’affaire Dounia Parc. Il y a eu juste une erreur vite réparée», déclarait, en effet, Sellal à la chaîne de télévision Ennahar TV, en marge de la cérémonie d’ouverture de la session du Parlement, dimanche dernier, au siège du Conseil de la nation.
Auparavant, c’était le ministre de la Justice, Tayeb Louh, qui, lui aussi, désavouait son collègue du tourisme et, par ailleurs, membre du comité central du même parti que lui, FLN. «S’il y a des malversations, il n’a qu’à déposer plainte», dira, en substance, le ministre de la Justice.
Hier, c’était donc au tour du concerné lui-même, Amar Ghoul, de s’expliquer sur cette affaire. C’était à l’occasion d’une conférence de presse, animée en marge de la réunion du bureau national de son parti, le TAJ, activité qu’il choisira pour effectuer sa rentrée politique. Bien évidemment, et comme attendu, c’était cette affaire «Dounia Parc» et les accusations publiques proférées par Abdelwahab Nouri qui ont dominé cette première sortie de Amar Ghoul. «Je tiens à saisir cette opportunité pour m’exprimer en toute franchise, en toute transparence sur cette affaire de Dounia Parc. D’emblée, j’estime que je ne peux donner une autre réponse aussi claire et transparente que celle donnée par monsieur le Premier ministre en personne. Une réponse qui a définitivement mis fin à la polémique», commencera par dire l’ancien ministre du Tourisme. Avant de poursuivre : «Le Premier ministre a bien précisé qu’il ne s’agissait que d’une erreur commise par l’organisme chargé de la gestion de ce parc et qui avait été vite réparée.» Ghoul, qui avait quitté le gouvernement et son poste de ministre du Tourisme en juin dernier, tenait visiblement à en finir avec cette affaire, en rendant la politesse à son successeur. «Je tiens néanmoins à préciser, concernant cette affaire, pour que les choses soient définitivement claires, que la gestion du Parc Dounia ne relève pas des attributions du ministre du Tourisme ou du ministère mais est du ressort d’une entreprise publique autonome (les Grands-Vents, Ndlr).»
En marge de la conférence de presse, Amar Ghoul nous confiera encore que «d’ailleurs, dès ma prise de fonction en tant que ministre du Tourisme, j’avais tenu à clarifier les choses avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal sur tout ce qui est lié à la gestion de ce parc et les instructions du Premier ministre étaient très claires. Il avait clairement signifié que ledit parc devait demeurer un espace vert ouvert aux habitants de la capitale et qu’il ne devait être doté que de quelques infrastructures nécessaires comme des cafés ou des restaurants, mais que, dans tous les cas, sa gestion demeure du ressort de l’entreprise en charge. Je n’ai donc absolument rien à voir avec toute cette affaire, ni de près, ni de loin.»
Durant la conférence, l’ancien ministre du Tourisme a longuement insisté sur certains détails. «Le ministère n’a distribué aucun mètre carré et aucune licence n’a été attribuée à personne du temps où j’étais à la tête de ce secteur et ce, conformément aux instructions du Premier ministre. Ce dossier m’est totalement étranger.» Cette sortie de Amar Ghoul, confortée en plus par les déclarations du Premier ministre, est une vraie réponse du berger à la bergère : elle inverse les rôles et, désormais, c’est Abdelwahab Nouri qui se retrouve dans la posture de l’arroseur arrosé ! Qu’est-ce qui a bien pu motiver une telle sortie de Nouri ? C’est d’autant plus légitime comme interrogation qu’outre les réponses de Amar Ghoul, c’est le patron de l’exécutif en personne, à savoir Abdelmalek Sellal, qui le désavoue en premier. Il est évident, en tout cas, que l’enjeu dépasse de loin le cadre d’une simple polémique entre un ministre et son prédécesseur…
K. A.