“ Les terres vendues illégalement seront récupérées”

Saïd Barkat, ministre de l’Agriculture

“ Les terres vendues illégalement seront récupérées”

Par Karim Kebir , Liberté, 11 octobre 2004

Véritable casse-tête chinois pour les autorités algériennes, le dossier du foncier agricole, prisonnier des pesanteurs historiques et d’enjeux politiques, verra probablement son épilogue dans les prochains mois, a laissé entendre hier le ministre de l’Agriculture, M. Saïd Barkat.
Le dossier, qui n’a jamais réussi à faire le consensus entre les “partisans” de la vente des terres et ceux favorables à la concession, sera résolu à travers une loi, actuellement entre les mains de l’Exécutif, laquelle prévoit le maintien des terres entre les mains de l’État. “Le président a dit que les terres doivent rester la propriété de l’État et personne n’a le droit de les vendre. Par contre, elles peuvent être exploitées”, a expliqué Saïd Barkat lors d’une conférence de presse animée au siège de son département à Alger.
Et le choix de cette option qui concerne, faut-il sans doute le rappeler, près de 30% du patrimoine foncier, est motivé essentiellement par le risque de subdivision que pourrait charrier la vente des terres, en ce sens qu’en raison de l’héritage, une donnée culturelle très prononcée dans la société algérienne, les superficies exploitables à long terme se réduiraient comme une peau de chagrin. Autre aspect contenue dans la loi : l’Exécutif a décidé de sévir contre ceux qui ont bradé le patrimoine foncier de l’État. “Toutes les terres vendues illégalement seront récupérées”, a expliqué Saïd Barkat. Il faut noter dans ce contexte que les terres qui appartiennent au privé (près de 70%) ne seront pas touchées par la mesure.
Saïd Barkat a ensuite expliqué que le recours à l’importation est, d’une part, une conséquence de l’ouverture à l’économie de marché et, d’autre part, pour refuser le diktat des privés. “Si on a initié l’opération d’importation, c’est pour que les familles pauvres en profitent aussi. Nous n’accepterons aucun monopole”.
Il faut noter aussi que l’opération ne se limitera pas uniquement au mois sacré de ramadhan puisqu’elle s’inscrit dans le cadre global de la philosophie de l’ouverture de l’économie. D’ores et déjà plusieurs opérateurs ont souscrit à l’opération et 3 000 tonnes de viandes sont arrivées avant-hier soir. La facture alimentaire coûte actuellement 2,3 milliards de dollars à l’État algérien. Un chiffre qui ne semble pas outre mesure inquiéter le gouvernement puisque, selon Barkat, “le pays est à l’aise” sur le plan du stock des céréales. Ainsi, la croissance de la production a atteint au dernier trimestre 2004 près de 6,41%, selon le ministre.
Par ailleurs, à propos de la menace acridienne dont le risque d’une nouvelle invasion est attendu pour le mois prochain, selon les spécialistes, le ministre a estimé que le phénomène est maîtrisable. “On ne laissera pas les criquets se balader à Alger”, a-t-il dit, en précisant que les moyens matériels et humains existent pour endiguer le phénomène.