Des milliers d’hectares brûlent à travers le pays
Des milliers d’hectares brûlent à travers le pays
Les incendies étouffent les villes
par R. N. & Correspondants, Le Quotidien d’Oran, 10 septembre 2008
Des dizaines de foyers d’incendies et une chaleur suffocante ont été enregistrés lundi et mardi, à travers plusieurs régions du pays.
Dans la wilaya de Tizi Ouzou, la vague de chaleur, qui sévit depuis lundi sur la région du centre du pays, a provoqué de nombreux foyers d’incendies. En effet, selon le bilan provisoire communiqué par le lieutenant Ghezali Chrif, chargé de communication des services de la Protection civile depuis lundi après midi jusqu’à hier, pas moins de 29 départs d’incendies ont été enregistrés à travers plusieurs localités de la wilaya causant la destruction de 155 ha et près de 4.000 oliviers. Les plus importants de ces incendies, de par l’ampleur des dégâts recensés, ont été ceux enregistrés dans les localités de Larbaa Nath Irathen au village Ait Frah où 2.800 oliviers et 50 ha de forêts ont été ravagés par les feux, de Ait Yahia Moussa où 55 ha de forêts, une quarantaine de ruches, 200 bottes de foin et 1.000 oliviers partent en fumée, de Draa El-Mizan au village Ibzizou où 25 ha de forêts ont été réduits en cendres alors que dans la daïra de Ouadhias, au niveau de la dense forêt de Takhoukht, 25 ha de maquis et de végétation ont été parcourus par les flammes accentuées par des rafales de vent chaud rendant le travail des secours plus difficiles.
La Protection civile a été contrainte de mobiliser tous ses effectifs des unités d’intervention en plus de sa colonne mobile pour lutter contre ces incendies. Un bulletin d’alerte de météo émis pour les trois jours (lundi, mardi et mercredi) a permis à la direction de la Protection civile de réquisitionner ses éléments et contenir la situation. Et hier, dans l’après-midi, la lutte contre les flammes se poursuivait dans pas moins de six foyers d’incendies à savoir Agouni Arrous (Ait Mahmoud), Melata (Azefoun), Frikat, Ait Abdel Moumene (Ouadhias), Agouni Oujeliven (Tizi Rached) et Tahchat (Ait Toudert).
La situation est maîtrisée selon notre interlocuteur qui précise que les unités locales ont été déployées pour l’extinction des feux toujours en cours et jusqu’à hier aucune demande de renforts n’a été formulée.
Néanmoins, les populations de la Kabylie ont toujours en mémoire ces feux mortels de l’an dernier quand six personnes avaient été tuées par les flammes dans la daïra de Ben Douala d’où la grande crainte qui s’est emparée des habitants des zones théâtre des 29 points départs de feux.
D’autant plus que les feux ont redoublé en intensité à la tombée de la nuit synonyme d’une intervention délicate des secours en nocturne et de surcroît au mois de carême (la montée du mercure, aggravée par ces nombreux foyers d’incendies rendant ainsi l’air irrespirable, est venue compliquer la tâche aux jeûneurs).
Déjà, le week-end écoulé, 200 ha de végétation ont été détruits essentiellement dans des massifs forestiers de Tigzirt et Azefoun alors que le bilan, établi par la Protection civile du 1er juin au 05 septembre dernier, était plus de 755 ha de couvert végétal dont plus de 4.000 oliviers ravagés par près d’une centaine d’incendies recensés à la même période.
A Bejaia, 22 foyers d’incendies étaient actifs hier, depuis le début de la matinée, causant des dégâts «non quantifiés mais très importants», indique-t-on à la Conservation des forêts. Ces feux, qui se sont déclarés dès le petit jour, sont attribués pour l’essentiel à la canicule régnante, marquée par des hausses de températures, estimées par endroit à 42° C. «Nous sommes dans le scénario de l’année 2000 où l’on a enregistré 23 feux simultanés», a déploré M. Houari, cadre à la conservation des forêts cité par l’Aps.
Le même responsable a souligné que «l’aide et la solidarité traditionnelle des riverains et des municipalités fonctionnent laborieusement». Selon la même source, la plupart des feux sont situés en pleines forêts domaniales dont l’essence principale reste le chêne liège. Leur propagation est exacerbée par l’influence du vent qui, par endroit, a atteint la vitesse de 90 km/heure et dont la manifestation complique énormément la tâche des équipes de secours, «incapables, malgré les moyens, d’atteindre certaines zones», note-t-on.
Ce sont les massifs de la zone orientale qui, jusqu’en milieu d’après-midi, ont été les plus éprouvés, notamment dans la région de Tichy où les flammes, signale-t-on, menacent le village de Tahelkat (Oued Djemaa).
Tous les moyens disponibles, assure-t-on, sont mobilisés et les équipes de secours sont sur le front depuis 06H00 du matin, mais n’arrivant pas à vaincre la progression du feu. Deux foyers ont, toutefois, été éteints à Lotha et Takliet dans la région de Souk El-Tenine, alors qu’en début d’après-midi, un important foyer a été signalé dans le massif de l’Akfadou.
Dans la wilaya de Boumerdès, pas moins de 14 incendies se sont déclenchés mardi à travers différentes localités. Quatre feux ont été circonscrits à la mi-journée, alors qu’une dizaine de foyers demeuraient toujours en activité, dont les plus importants ont été signalés dans la commune de Tidjellabine.
A Blida, une vingtaine de foyers d’incendies se sont déclenchés hier, en début d’après-midi, presque simultanément sur les hauteurs de la wilaya de Blida.
Ces incendies ont été accompagnés de vents violents et très chauds supportés assez difficilement, il faut le dire, par les habitants de la région en cette neuvième journée du mois de jeûne.
Dans certaines localités, à l’instar de celle de Larbâa, les citoyens ont préféré, de leur propre chef, évacuer leurs habitations de peur d’être rattrapés par les flammes. La tension est montée d’un cran, juste après la rupture du jeûne, lorsque des coupures d’électricité ont été enregistrées à différents endroits de la wilaya, faisant craindre le pire à une population qui ne savait pas vraiment si ces coupures de l’énergie électrique étaient liées aux incendies ou tout simplement le résultat des perturbations enregistrées dernièrement sur le réseau national.
Dix autres foyers d’incendie ont été signalés, hier, par la Protection civile de la wilaya de Jijel, dans des zones situées non loin des localités de Texenna (3 foyers), El-Milia (2), Ziama Mansouria (2), El-Ancer, Meharka et Selma. Des espaces forestiers, des maquis et des broussailles étaient encore la proie des flammes, mardi, sans toutefois que les superficies touchées n’atteignent les 500 hectares, selon le commandant Abdelhamid Zighed, directeur de wilaya de la Protection civile.
Le wali de Jijel s’est rendu dans l’après-midi dans la région de Texenna où les sapeurs-pompiers sont encore aux prises avec les trois foyers d’incendies qui s’y sont déclarés.
La colonne mobile de lutte antifeu, renforcée par les moyens de la conservation des forêts, a été mise en oeuvre entre El-Milia et Texenna dans l’espoir de venir à bout, le plus rapidement possible, de ces incendies qui contribuent à rendre l’atmosphère encore plus irrespirable dans toute la région de Jijel où le mercure a atteint 42 degrés Celsius.
A Skikda, la journée d’hier a été marquée par une chaleur éprouvante, le thermomètre ayant dépassé, par endroits, une température de 40°. Durant cette journée, on a recensé pas moins de 9 foyers localisés pour la plupart à l’Est du chef-lieu de wilaya de Skikda. 80% de ces incendies ont ravagé des maquis dans les communes de Hamdai Krouma, Skikda, Fil Fila, Es-Sebt (Tengout), Zouit et El-Hadaiek.
C’est dans ces deux dernières communes que se trouvent les incendies les plus importants respectivement au niveau des lieux-dits la Grande Plage et Ezzenet. Actuellement, les différentes circonscriptions relevant de la Direction des forêts et de la Protection civile sont à pied d’oeuvre, réparties sur le terrain pour tenter de maîtriser les foyers.
Aucun bilan n’a été encore avancé mais l’on affirme, du côté des forêts, que la situation est normale et on est loin du bilan avancé il y a quelques jours et qui établit une superficie de plus de 200 hectares ravagés précédemment. Il n’en demeure pas moins que la population a eu une journée de Ramadhan pénible.
Les habitants d’El-Tarf ont vécu une journée tout aussi difficile avec le déclenchement d’une vingtaine de foyers d’incendies. La température y a frôlé les 42° à l’ombre réduisant presque à néant toute activité.