Scandale de l’union bank et du foncier de bouchaoui

Scandale de l’union bank et du foncier de bouchaoui

Brahim Hadjas et ses enfants en fuite

Samia Lokmane, Liberté, 5 juin 2006

L’homme d’affaires est actuellement en fuite avec son fils et sa fille. Environ 80 exploitants d’une dizaine de EAC et de 3 EAI à Bouchaoui, Aïn Bénian, Staouéli et Ouled Fayet ont été mis sous contrôle judiciaire.

L’affaire Khalifa fait des petits. Même s’il est de moindre envergure, le nouveau scandale dévoile des malversations tout aussi scabreuses, rendues possibles par la disponibilité chez le principal protagoniste d’une manne financière abondante. Comme El Khalifa Bank naguère, l’Union Bank était pour son propriétaire Brahim Hadjas une planche à billets, d’où il s’approvisionnait pour contracter des marchés douteux et faire des acquisitions illégales. 26 milliards de centimes est le montant qu’il a puisé dans ses caisses pour acheter une quinzaine d’exploitations agricoles collectives (EAC) et 3 exploitations agricoles individuelles (EAI). Les faits remontent à 2002. Grâce à la mise en place d’un réseau d’intermédiaires, l’homme d’affaires accapare 320 hectares de terres fertiles disséminées à Chéraga et à Zéralda, dans des anciens domaines de Bouchaoui, Ouled Fayet, Aïn Bénian et Staouéli. Figurant parmi les investigations sur les spéculations foncières touchant le patrimoine agricole de l’État, l’enquête diligentée par le groupement de la gendarmerie d’Alger en 2005 met en cause directement Brahim Hadjas, ainsi que son fils et sa fille. Un réseau d’intermédiaires créé par l’homme d’affaires est également démantelé. Les intermédiaires étaient en contact avec les exploitants et avaient pour mission de conclure les transactions. En contrepartie, ils ont touché 900 millions de centimes, dont une partie était libellée sur des chèques au nom des agriculteurs. Les paysans très crédules ont été appâtés par l’argent, mais également par le discours charmeur des acquéreurs qui les ont convaincus que l’achat entre dans le cadre de la politique de l’État visant la promotion de l’agriculture, grâce à la contribution de privés ayant les moyens financiers pour cela. Aujourd’hui, environ 80 de ces agriculteurs sont mis sous contrôle judiciaire. De son côté, un des intermédiaires est écroué, alors que son acolyte est en fuite, à l’instar de Brahim Hadjas et de ses enfants. Le fils et la fille du milliardaire sont actuellement au Canada où ils ont emporté 8 milliards de centimes. Légalement, les transactions ont été avalisées par la propriétaire d’une étude notariale de Blida qui a rédigé une panoplie de faux documents, dont des actes de vente, de désistement, d’hypothèque, de reconnaissance de dettes, de partenariat… La notaire a été gracieusement récompensée. Hadjas lui a versé 2 milliards de centimes. Par ailleurs, elle a empoché les frais d’enregistrement d’une valeur de 3 millions de dinars qui devaient aller dans les caisses du trésor public. Elle aussi a été écrouée, de même que l’ancien secrétaire du patron de l’Union Bank. L’affaire en cours d’instruction devra connaître de nouveaux rebondissements. Ayant bâti son petit empire dans les années 90, Brahim Hadjas a monté un groupe de 10 filiales dont la colonne vertébrale est la banque. Autour gravitent Union Pêche, Union Santé, Union Immobilier, Union Li Industrie, Air Fret Service, China Trading, Algeria Aviation Services, Ub Brokerage (intermédiaire dans des opérations de Bourse)… Mais en 2004, la justice a mis un frein aux ambitions démesurées de Hadjas en décidant la mise en liquidation d’Union Bank. Néanmoins, il est à se demander comment ce golden boy aux allures de Moumène Khalifa, a-t-il pu agir dans l’illégalité sans être inquiété pendant de nombreuse années. Sans doute, la réponse est-elle dans la question.

Samia Lokmane