Priorité au Grand Sud
Les autorités mettent le paquet sur la région
Priorité au Grand Sud
Abla Chérif, Le Soir d’Algérie, 26 avril 2018
Les zones sud du pays semblent bénéficier d’une attention supplémentaire ces derniers temps. Ce regain d’intérêt se manifeste par un activisme particulier des responsables en direction de l’une des régions les plus sensibles d’Algérie.
La toute dernière visite (ce mardi) du ministre de l’Intérieur à Tamanrasset entre visiblement dans ce cadre. Accompagné du ministre de l’Energie, il a inauguré une station d’énergie solaire et un gazoduc avant d’appeler les opérateurs publics à transformer les wilayas du Sud en un «pôle économique de dimension africaine».
Mais Nourredine Bedoui était surtout porteur d’un message. «La sécurité et la stabilité de l’Algérie constituent des lignes rouges à ne pas franchir. Nous ne permettrons à personne de porter atteinte à notre pays», a-t-il déclaré avant d’ajouter que le pays est «souverain dans ses décisions et respecte pleinement toutes les chartes et conventions internationales».
Il rappelle ensuite le caractère «indivisible» du peuple algérien et les efforts consentis par l’ANP, «déployée tout le long des frontières». Tel que prononcé, le discours semble porter principalement sur deux axes contenus dans les dossiers brûlants de l’heure : l’immigration clandestine et les malaises parmi les populations de ces zones.
D’une manière indirecte, les deux problèmes semblent intimement liés du moment que l’une des principales revendications soulevée par l’aménokal de Tamanrasset porte sur le nombre important des Subsahariens présents dans la wilaya et les conséquences qui en découlent.
«Tamanrasset est méconnaissable», avait déclaré il y a quelques semaines l’aménokal à la presse tout en menaçant d’organiser des rassemblements pour attirer l’attention sur la situation en cours. Selon les notables locaux, le nombre important de Subsahariens a entraîné des problèmes divers, accentuant ainsi les difficultés auxquelles les citoyens sont déjà confrontés.
Les mêmes sources ont également affirmé que les migrants échappaient presque totalement au contrôle et se sont organisés en communautés contrôlées par des «chefs» (Subsahariens) qui veulent peser de tout leur poids dans la région. Depuis la fin du mois de septembre dernier, plus de 2 000 personnes de différentes nationalités ont été reconduites dans leur pays d’origine, suscitant la réaction de plusieurs ONG. Amnesty International, Human Rights Watch et la Laddh ont notamment accusé les autorités algériennes de se livrer à des «expulsions sans discernement».
L’Algérie avait fait savoir qu’elle ne renoncerait pas à cette démarche et confirmé que plus de 27 000 Subsahariens en situation illégale avaient été expulsés durant ces trois dernières années. Nourredine Bedoui a d’autre part annoncé, il y quelques jours, que le pays enregistrait 500 tentatives d’entrées irrégulières par jour.
Le ministre de l’Intérieur a précisé que ces tentatives s’effectuaient au niveau des frontières sud. Les responsables algériens ne cachent pas que le phénomène pose désormais un problème de sécurité nationale.
Pour beaucoup, l’agitation ayant prévalu ces dernières semaines dans les wilayas du Grand Sud découle directement de cette situation. Pour y faire face, l’action politique est venue compléter celle menée par les militaires aux frontières.
L’on sait qu’un dialogue a été ouvert avec les notables de la région afin de les sensibiliser aux enjeux et aux risques en cours, ce qui a valu d’ailleurs un retour à l’apaisement au sein des franges qui avaient prévu de se soulever à la fin du mois dernier.
A. C.