De longues files d’attente dans les bureaux de poste

À QUELQUES SEMAINES DU MOIS DE RAMADHAN

De longues files d’attente dans les bureaux de poste

Le Soir d’Algérie, 23 avril 2017

Les bureaux de poste de la capitale renouent avec les longues files d’attente. Ce n’est pas une question de manque de liquidités. C’est plutôt la fièvre du Ramadhan qui pousse les gens à faire de considérables retraits d’argent pour faire face aux dépenses des préparatifs du mois de jeûne.
Rym Nasri – Alger (Le Soir) – A quelques semaines du mois de Ramadhan, les dépenses s’intensifient. Les préparatifs pour le mois de jeûne, synonyme chez nous du mois de fortes consommations donc de dépenses, imposent de puiser dans ses économies. C’est la ruée vers les banques et les bureaux de poste où les opérations de retrait se multiplient.
Hier samedi, plusieurs bureaux de poste de la capitale étaient investis tôt le matin. De longues files d’attente se forment à l’intérieur des halls de ces établissements de service public, et grandissent jusqu’à déborder sur le trottoir.
C’est le cas du bureau de poste rue Hassiba-Ben-Bouali, à Alger. L’entrée est obstruée par une masse humaine. Difficile de se frayer un chemin pour accéder à la grande salle d’attente où les lieux sont noirs de monde. Des dizaines de personnes sont agrippées aux différents guichets. A peine si on arrive à distinguer les silhouettes des guichetiers qui s’agitent derrière leurs bureaux. Devant le distributeur automatique de billets (DAB), implanté à l’extérieur de la structure, une longue file d’attente serpente sur le trottoir.
Ici, tout le monde est là pour le même objectif : retirer de l’argent. Une mission qui s’avère longue et lente !
Même scénario au bureau de poste rue Boualem-Rouchaï à Belouizdad. Les files d’attente devant les guichets sont interminables au point de s’entremêler.
Matinal, Tayeb, la soixantaine passée, s’est pointé dès sept heures du matin. Le sacrifice de son sommeil ne lui a, pourtant, pas beaucoup servi. «J’ai eu droit à un ticket au numéro de 195 puisqu’il y avait déjà du monde avant moi», explique-t-il. A dix heures tapantes, le numéro affiché au guichet était le 148. «Il faut compter d’ici midi passé pour encaisser mon chèque», dira ce retraité.
Selon lui, le bureau déborde de monde parce qu’il accueille des clients venant des quartiers de Laâqiba, de l’ex-Champ-de-manœuvres (1er Mai) et de l’ex-Bel-court (Belouizdad). «C’est un bureau de poste qui est très sollicité. Les gens viennent de plusieurs quartiers des alentours et même d’ailleurs», dit-il encore.
Soulignant l’absence de la culture de l’épargne chez l’Algérien, il ajoute : «Il n’y a pas de manque de liquidités mais dès que l’argent entre dans les comptes, les gens viennent le chercher surtout à l’approche des fêtes et des occasions telles que le Ramadhan qui est à nos portes».
Destiné pour facilité l’accès à son CCP (Compte courant postal), le distributeur automatique de billets du bureau de poste, rue Boualem-Rouchaï, ne remplit pas sa fonction en ce jour de forte demande. Point de rush sur l’appareil disposé à l’extérieur de l’établissement. «Le distributeur est souvent non approvisionné en liquidités surtout à la fin du mois. Les gens ne s’en servent que pour des demandes d’avoir», assure Rachid, fonctionnaire.
Natif du quartier, Rachid habite depuis les dernières opérations de relogement, aux Eucalyptus à l’est d’Alger. Là-bas encore, témoigne-t-il, le bureau de poste connaît de longues files d’attente dès cinq heures du matin. «Il faut voir l’image de tous ces vieux retraités qui patientent devant la poste des Eucalyptus, très tôt le matin dans le froid», dit-il tout navré.
De son côté, Abderrahmane déplore que les retraités soient obligés d’ouvrir un compte CCP pour percevoir leur pension. «Il faut laisser aux retraités le libre choix de leur compte bancaire», plaide ce retraité de la Banque nationale d’Algérie (BNA). Pour lui, cette démarche permettra de mettre fin à cet afflux sur les bureaux de poste.
Apparemment, ni l’installation des DAB ni le paiement des factures de charges domestiques (électricité, gaz, téléphone, …) via internet n’ont pu changer les habitudes des détenteurs des comptes CCP.
Ry. N.