Environ 600 000 indigents en Algérie

Le chiffre a été annoncé hier par la ministre chargée de la famille

Environ 600 000 indigents en Algérie

Souhila Hammadi, Liberté, 14 mai 2006

Même si le taux a baissé approximativement du tiers en six ans, la proportion des algériens vivant dans l’extrême pauvreté reste importante. Environ 600 000 personnes, soit 1,9% de la population globale, subsistent avec 100 à 200 dinars par jour (1 à 2 dollars). C’est le chiffre révélé hier, lors d’une conférence de presse à l’occasion de la journée mondiale de la famille, qui intervient le 15 mai de chaque année, par la ministre déléguée chargée de la famille. Mme Nouara Djaffar a évidemment relativisé le phénomène en soulignant, d’abord, que le taux de pauvreté endémique atteignait les cimes des 6% en 1998, puis en axant sur les programmes de lutte contre la misère, mis en œuvre par le gouvernement. Dans le sillage, elle a affirmé que le taux de la mortalité infantile a baissé de 3,45% en 1999 à 2,95% en 2006. Le recul est plus significatif, selon la ministre, en matière de décès à l’accouchement, qui ne touche plus que 98 femmes sur 100 000. « Le phénomène est encore présent en zones rurales, à cause du manque de services sanitaires spécialisés », a-t-elle expliqué. Elle a rapporté que le ministère de la Santé et de la Population programme la construction de plusieurs hôpitaux, et surtout la multiplication des services d’obstétrique et de gynécologie afin de réduire, d’ici à l’an 2009, d’au moins 30% le nombre de décès des mères et des bébés à la naissance. Le membre du gouvernement a soutenu que 512 milliards de dinars sont destinés, pour l’exercice 2006, aux dépenses sociales, ce qui représente quelque 20% du budget global de l’État. Sans déroger à sa règle, Mme Nouara Djaffar a longuement loué les vertus de la révision du code de la famille et celui de la nationalité. Elle a assuré que les nouvelles dispositions sont dûment mises en œuvre par les magistrats, même s’il existe des lenteurs dans l’application des jugements (les problèmes apparaissent particulièrement pour l’octroi du logement conjugal à la femme qui obtient la garde de ses enfants et le paiement de la pension alimentaire). Elle a indiqué que le gouvernement a durci, dans son projet de révision du code pénal (actuellement en examen au niveau de l’APN), les sanctions contre les maris qui ne s’acquittent pas de la pension alimentaire. Les contrevenants sont passibles, désormais, d’une peine d’emprisonnement. La ministre déléguée chargée de la famille a annoncé, par ailleurs, que le conseil de gouvernement a approuvé le décret d’application de l’article du code de la famille, imposant la présentation, par les deux époux, d’un certificat de bonne santé au moment de l’enregistrement de leur mariage à l’état civil. Elle a précisé que ce n’est qu’un document, délivré par un médecin assermenté, qui atteste que les deux futurs conjoints sont en bonne santé (comme celui demandé pour certains documents administratifs, le permis de conduire par exemple). Elle a certifié que cette mesure s’est avérée indispensable pour protéger la santé des générations à venir. Une enquête, menée en 2002 par son ministère, l’OMS et l’Université arabe, a montré que 2,3% des enfants qui naissent avec un handicap, sont issus de mariages consanguins.

S. H.