La fin des emplois permanents
Annoncée la veille de la fête des travailleurs
La fin des emplois permanents
Le Quotidien d’Oran, 30 avril 2005
La révision tant annoncée du code du Travail signe la fin d’une époque. Du moins, particulièrement, celle «absolue» des emplois permanents et de la garantie du travail. Elle ouvre, également, la porte aux diverses formes du travail non-conventionnelles.
En marge du séminaire sur les risques professionnels, Tayeb Louh a estimé, de fait, que «le principe de la permanisation absolue dans un poste de travail n’existe plus». Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale dira, à ce sujet, que «l’important est de pouvoir répondre à la demande d’emplois». Cette sortie du ministre de tutelle marque l’irréversibilité du choix d’orientation de l’économie algérienne vers le modèle libéral. Aussi sibylline soit-elle, la déclaration de Tayeb Louh annonce, néanmoins, les grandes tendances et les enjeux futurs du travail en Algérie avec la mise en oeuvre des diverses formes de travail non-conventionnelles.
D’autres pays ont fait cette expérience bien avant l’Algérie. Le changement le plus remarquable dans les années à venir sera le fléchissement du nombre d’emplois permanents à temps plein ou partiel en faveur de modalités d’emplois adaptées telles que les durées déterminées, le travail temporaire ou l’intérim et le travail indépendant. Certes, l’emploi permanent n’est pas pour autant synonyme d’emploi à vie, il n’empêche que contrairement aux autres formes, il offre la garantie du travail et une certaine stabilité économique de par sa caractéristique principale de travail à durée indéterminé. Le travail non-conventionnel offre dans ce cadre autant d’avantages que d’inconvénients tant pour l’employeur que pour l’employé. Le recours aux emplois non conventionnels est perçu comme un moyen de répondre aux besoins de souplesse des employeurs. Cette pratique leur permet d’accéder à des ressources spécialisées pour un projet particulier. Elle autorise également des économies en frais de main-d’oeuvre, les travailleurs étant présents uniquement au besoin. En embauchant des travailleurs occasionnels, un employeur pourra augmenter sa marge de main-d’oeuvre, accéder à des ressources spécialisées et réduire ses coûts.
Il ne pourra pas, en contrepartie, compter sur la même loyauté, l’engagement et la disponibilité que témoignent des travailleurs permanents. De leur côté, les employés disposeront d’une plus grande souplesse et pourront augmenter leurs revenus en cumulant par exemple plusieurs emplois. Ils y perdront par contre en stabilité économique ne sachant pas forcément de quoi sera fait le lendemain. Tel que décidé, lors de la tripartite gouvernement-UGTA-patronat, au début du mois de mars dernier, le ministre du Travail a annoncé, par ailleurs, qu’un groupe de travail sera mis, prochainement, en place pour la révision du code du Travail. Il sera chargé d’élaborer la nouvelle mouture de la législation algérienne en la matière. Ce groupe sera présidé par le ministère du Travail et de la Sécurité Sociale. Il regroupera les trois composantes de la tripartite qui auront à étudier les propositions du gouvernement et des partenaires sociaux pour pouvoir élaborer le prochain code du Travail. Le texte élaboré comprendra, selon Tayeb Louh, «la loi n°90-11 relative aux relations du travail, la loi n°90-14 relative au droit syndical, la loi n°90-02 relative à la prévention et aux règlements des conflits au travail, la loi sur l’emploi et la loi sur l’emploi de la main-d’oeuvre étrangère».
Pour le ministre, «certains articles régissant le monde du travail en Algérie ne sont ni en faveur de l’économie algérienne, ni en faveur du Patronat, encore moins en faveur des employés». D’où la nécessité de réformer la législation relative au travail. La tripartite avait décidé la mise en place d’un groupe de travail chargé d’initier la mise à niveau de la législation du travail. Il s’agit, pour les participants, de débattre pour convenir «consensuellement de la voie à suivre et des objectifs à atteindre». Deux projets existent actuellement, celui du ministre du Travail et celui de l’UGTA. Cette mise à niveau se fera, avaient annoncé les participants de la tripartite, dans le cadre des recommandations et des préceptes de l’OIT et de l’OAT.
Samar Smati