La facture des importations de céréales a doublé

La facture des importations de céréales a doublé

2,6 milliards de dollars en 2007

Par :Badreddine Khris, Liberté, 12 octobre 2008

La production des céréales a chuté de 50%. Sur 21 millions de quintaux récoltés, seulement 7 millions de quintaux sont collectés par l’OAIC, le reste est commercialisé sur le marché informel.

L’augmentation de la facture des céréales est essentiellement due à la hausse des prix sur les marchés internationaux. La crise alimentaire est caractérisée, sur un cycle de deux ans, par deux produits phare, à savoir le lait et les céréales. Pour l’année en cours, un dispositif a été mis en place par les pouvoirs publics visant à réduire davantage l’écart qui existe entre l’importation et la production des céréales. La valeur des importations a doublé en moins d’une année, passant de 1,3 milliard de dollars à 2,6 milliards de dollars. La flambée des cours à l’international a, certes, engendré cette facture, mais il n’en demeure pas moins que la production nationale n’a pas encore atteint les résultats escomptés en termes de rendement. La production était de l’ordre de 43 millions de quintaux en 2007, alors que pour l’année en cours, elle ne dépasserait pas, selon les premières estimations, les 21 millions de quintaux, soit un déficit de 50%. Pis, de la production totale de l’année dernière, seuls 7 millions de quintaux ont été versés à l’OAIC. Le reste serait absorbé par le secteur informel. Autrement dit, les producteurs optent pour le marché parallèle, surtout pour le blé dur jugé plus fructueux. Cette irrégularité dans le rendement est, aux yeux des observateurs, un phénomène fréquent. D’où la réaction immédiate du ministère de tutelle pour prendre en charge ce problème et pallier cette contre-performance. Les mesures ont été en fait prises dès 2007 avec l’augmentation des prix des blés dur et tendre de 1 900 DA à près de 4 500 DA. D’autres décisions d’accompagnement ont été également prévues pour 2008. Il s’agit d’actions destinées à faciliter l’approvisionnement des céréaliculteurs, l’accès à l’équipement agricole, notamment les moissonneuses-batteuses et les tracteurs. Mieux, il est programmé aussi la rénovation de quelque 1 000 moissonneuses-batteuses. “L’ensemble de ces mesures vise à réduire la facture alimentaire, surtout pour les céréales, et à sécuriser les approvisionnements à travers la production nationale”, souligne
M. Sid-Ahmed Ferroukhi, secrétaire général du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Le ministère s’est lancé, avoue le SG, deux défis. Le premier est de rendre plus attractive la céréaliculture. Le second a trait à la mise en place d’un programme d’irrigation qui touchera près de
300 000 hectares. “Ce qui donnera lieu à des productions régulières”, explique M. Ferroukhi sur les ondes de la radio Chaîne III. Plus concrètement, le dispositif s’appuie sur l’OAIC (Office interprofessionnel des céréales) à travers les coopératives des céréaliculteurs CCLS avec un accompagnement bancaire. Les opérateurs bénéficient, ainsi, d’un crédit fournisseur appelé “crédit Rfig” à un taux zéro, c’est-à-dire bonifié par l’État. Les discussions entre les différentes agences de la banque Badr et les CCLS des zones spécialisées dans cette filière devraient commencer incessamment. Il faut noter que seules 130 communes sont considérées comme étant à fort potentiel productif en céréales. Pour développer au mieux le rendement des filières stratégiques telles que la céréaliculture, le ministère de l’Agriculture a eu le feu vert de la part du département des Ressources en eau pour mettre tous les moyens à même d’améliorer la disponibilité de l’eau sous forme de forages ou l’accès aux diverses barrages existants. Avec la construction des usines de dessalement de l’eau de mer, indique M. Ferroukhi, il serait possible de réorienter les quantités d’eau destinées aux centres urbains vers les espaces agricoles. Par ailleurs, le secteur a pour ambition de pouvoir réaliser un rendement de 55 millions de quintaux, toutes céréales confondues, d’ici à quelques années. Un tel objectif répondra, estime le SG, à une majeure partie de la demande. Pour cela, le département du Dr Benaïssa envisage de mobiliser toutes les ressources en eau nécessaires et les moyens technologiques, les techniques et les semences appropriées.

Badreddine KHRIS