L’Algérie a enregistré la plus forte baisse du chômage dans le monde arabe
APS, 7 février 2013
L’Algérie est le pays arabe ayant enregistré la plus forte baisse du chômage en deux décennies mais avec une augmentation, toutefois, de l’emploi informel, ont indiqué mercredi le PNUD et l’Organisation internationale du travail (OIT).
Dans un rapport conjoint consacré aux tendances de l’emploi et de la croissance économique dans le monde arabe, ces deux organisations de l’ONU relèvent que depuis 1990, le taux de chômage a diminué dans la région arabe, mais pas de manière uniforme dans les trois sous-régions que sont l’Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Maroc, Libye, Egypte et Soudan), le Moyen-Orient (Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Yémen et les territoires palestiniens occupés) et les pays du Conseil de coopération du golfe (CCG : Arabie saoudite, Bahreïn, Koweït, Emirats arabes unis, Oman et Qatar).
A ce propos, ce rapport de 152 pages précise que « si l’Afrique du Nord a fait mieux que les deux autres sous-régions en terme de réduction du chômage, cela est principalement attribuable à la baisse du chômage en Algérie ».
Ainsi, le taux de chômage a diminué en Afrique du Nord de 24% entre 1990 et 2010 contre un recul de 4,6% dans le pays du CCG mais a il augmenté de 2,6% dans la région du Moyen-Orient.
Citant spécifiquement l’Algérie, le PNUD et l’OIT observent que le taux de chômage est passé de 20,6% en 1991 à 29,6% en 2000 avant de tomber à 11,4% en 2010, entraînant une baisse de la moyenne du taux de chômage en Afrique du Nord pour passer de 12,6% en 1991 à 10,1% en 2010.
Néanmoins, observe le rapport, « la baisse impressionnante du taux de chômage en Algérie a été accompagnée par une augmentation de l’emploi informel, à un taux de près de un-à-un ».
« Cette situation s’explique par le fait que certaines activités proviennent plutôt d’une réaction défensive de la part des chômeurs qui désespèrent de gagner leur vie en recourant au secteur informel, que d’un modèle de développement qui crée des gains pour l’ensemble de l’économie », commentent ces deux organisations onusiennes.
Dans leur analyse générale de la situation de l’emploi dans le monde arabe, le PNUD et l’OIT font valoir que les soulèvements populaires qui ont secoué cette région ont révélé « des politiques de développement asymétriques, l’insuffisance de la justice sociale et une libéralisation économique très mal gérée ».
Certes, les politiques appliquées dans les années 1990 et 2000 ont permis aux pays de la région de faire face aux problèmes de la dette et de l’inflation, de stimuler la croissance et de créer des emplois, notent-elles. Cependant, « la croissance est restée inférieure à celle des autres régions du monde, les nouveaux emplois étaient principalement créés dans les secteurs à faible productivité et les gouvernements se souciant peu de conséquences sociales de leurs politiques économiques ».
En même temps, poursuit le rapport, « le secteur privé de la région est resté l’un des moins compétitifs du monde à cause des faibles niveaux d’investissement, un manque de règles transparentes et une corruption et un népotisme omniprésents ». « En 2010, une personne dans le monde arabe avait plus de chance de trouver un emploi qu’il y a 20 ans.
« Mais la question est de savoir quel type d’emploi ? », s’est interrogé l’auteur principal du rapport, M. Zafiris Tzannatos. « Les travailleurs sont de mieux en mieux formés et instruits, mais les emplois qui sont créés sont peu qualifiés et mal rémunérés », a-t-il expliqué.
Pour sa part, le responsable de la lutte contre la pauvreté au centre régional du PNUD, M. Mohammad Pournik, a indiqué que « l’une des revendications majeures des jeunes Arabes est de pouvoir obtenir un emploi sans recourir à la corruption ».
« Le vrai problème est le besoin de créer des emplois assortis d’une dignité sociale plutôt que d’obtenir, à tout prix, un emploi en sacrifiant cette dignité », a résumé M. Pournik.
Par ailleurs, le rapport précise que la croissance à venir dépend d’une bonne gouvernance laquelle « doit impérativement être améliorée pour attirer davantage d’investissements et permettre des réformes structurelles et institutionnelles ».
La région, avance-t-il, « fait face à un défi plus important encore que les mauvaises perspectives de croissance », ajoutant que « l’agitation sociale, l’inflation et l’impact de la récession sur les secteurs privé et public dissuade les investisseurs et cela augment la pression sur les gouvernements qu’un nouveau modèle social est d’autant plus indispensable ».
La population dans les pays arabe a augmenté de 53% entre 1991 et 2010, passant de 224 millions à 343 millions d’habitants, soit une croissance démographique annuelle de 2,2%, indique la même source.
APS