Le PT : Sauvons le pays des privatisations
par Nabila K., Le Jeune Indépendant, 5 février 2005
La secrétaire générale du Parti des Travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a déclaré, lors d’une conférence organisée hier au Centre de presse international (CIP), à l’issue de la réunion de son comité central, qu’elle adressera une lettre ouverte à tous les Algériens, quelle que soit leur appartenance politique, pour leur expliquer, entre autres, les conséquences pouvant résulter de la privatisation des entreprises publiques.
Mme Hanoune, insistant sur le fait qu’elle n’accuse personne, estime qu’»en tant qu’élue de la nation, il est de son devoir de m’exprimer sur ces questions». Pour elle, ce message est adressé également à tous ceux qui considèrent que la privatisation des entreprises et des services publics est un choix irréversible.
«Je leur demande de réviser leur position. Il est encore temps de sauver notre pays», a-t-elle ajouté. Dans une longue lettre, Mme Hanoune considère, entre autres, que les réformes ne sont que le produit de pressions extérieures exercées sur l’Algérie, imposant à son gouvernement de «se désengager totalement de ses missions économiques et sociales, d’assurer le maximum de profits pour les multinationales en mettant à leur disposition nos infrastructures, notre tissu industriel et nos ressources financières et naturelles […]».
La secrétaire générale du PT se demande vraiment s’il n’y aura pas de licenciements dès lors que la propriété des entreprises et des services publics sera transférée vers le secteur privé et vers les multinationales. Elle se souvient que le 1er janvier 2005, alors que les réserves de change avoisinent 43,2 milliards de dollars et que le Fonds de régulation des recettes dispose de 642 milliards de dinars, «la quasi-totalité [des Algériens] sont déjà dans l’impossibilité de payer les médicaments et perdent un acquis qui est la gratuité des soins».
«Le personnel hospitalier se trouve soumis à une situation intolérable de non-assistance à personne en danger et pour les médecins de renier le serment d’Hippocrate par lequel tout médecin s’engage à sauver les vies humaines», a-t-elle dit.
Mme Hanoune se demande si la CNAS peut supporter le coût de l’alignement des tarifs des hôpitaux sur ceux du secteur privé. Elle se dit ne pas comprendre cette cascade de mesures de libéralisation affolante des prix des produits vitaux tels que l’eau et le carburant.
Mme Hanoune se demande alors avec quoi les familles pauvres vont-elles faire face à l’augmentation en chaîne des prix du transport, au moment où des écoles et des universités sont privées de chauffage. La secrétaire générale du PT estime que la protection du secteur public est la meilleure alternative pour sauver le pays de la dérive.
Elle est revenue sur l’initiative de l’amnistie générale initiée par le président Bouteflika. Elle a déclaré qu’elle n’a aucun commentaire à faire sur ce sujet puisqu’elle ne connaît pas son contenu. Mme Hanoune a précisé néanmoins qu’elle la soutiendra s’il y a une volonté réelle de sortir le pays de la crise et de trouver une solution aux questions des disparus et des victimes du terrorisme.
A la question d’un journaliste sur l’acceptation du président de la République du poste honorifique de président du FLN, Mme Hanoune s’est contentée d’un «sans commentaire», avant d’ajouter qu’il est tout à fait libre, du moment qu’il a toujours été de ce parti.
N. K.