«Des facilités de paiement pour la reprise d’entreprises publiques»
LES OPERATEURS NATIONAUX NE PAIERONT QUE 30% CASH
«Des facilités de paiement pour la reprise d’entreprises publiques»
Le Quotidien d’Oran, 15 janvier 2006
Le processus de privatisation des entreprises publiques économiques suit son cours, n’a connu aucun frein et son rythme sera accéléré durant l’année 2006. C’est une affirmation du ministre des Participations et de la Promotion des Investissements qui était hier l’invité du forum de l’ENTV.
Défendant son bilan, Abdelhamid Temmar a surpris en annonçant que depuis sa nomination à la tête du MPPI en juin passé, «ce sont 47 entreprises qui ont été privatisées». C’est le fruit, apprend-on, d’une nouvelle démarche adoptée par le Conseil des participations de l’Etat (CPE). «Nous avons réformé la gestion de la privatisation», a indiqué le ministre.
En fait, la stratégie de Abdelhamid Temmar n’a rien de nouveau. Ceux qui ont suivi la gestion du ministre lors de ses différents passages au département des participations et de la promotion des investissements auront constaté que, dans l’ensemble, la démarche de celui-ci a, de tout temps, été la même. Le seul nouveau fait est en rapport avec son appréciation du secteur industriel public. Ce dernier n’est plus moribond comme il l’affirmait il y a trois ans: «nous avons une industrie extrêmement diversifiée qui fabrique de tout. Elle est notre avantage comparatif par rapport à nos voisins. C’est pour cela qu’il faut la préserver», a déclaré Temmar. Mieux ! «80% de nos entreprises sont viables techniquement et économiquement», a-t-il ajouté plus loin. Le tissu industriel étatique souffre juste, selon lui, du problème de financement et de management. Allant de ce constat, le MPPI conclut que le salut pour les EPE est dans leur cession à des repreneurs qui apporteront justement à ces entités des financements et une nouvelle gestion.
Les Sociétés de gestion des participations (SGP) sont les véritables agences de privatisation et sont habilitées à mener les négociations, rappelle le ministre. Les dossiers sont peaufinés au niveau de son département qui «vérifie la transparence des procédures» avant d’être soumis pour examen au CPE qui est le seul organe qui statue sur toutes opérations de privatisation ou d’ouverture de capital, poursuit-il. Abdelhamid Temmar ne définit pas la démarche qui est appliquée dans le cas de la cession d’entreprises de tailles moyennes. L’on saura juste que la privatisation des grandes entreprises publiques se fera «selon les normes internationales». Il sera question, comme déjà rapporté, de faire appel aux banques d’affaires pour ensuite lancer les appels d’offres nationaux et internationaux. S’agissant des délais de ces opérations et selon les estimations du premier responsable du MPPI, une opération de privatisation d’une petite entreprise peut durer un à deux mois, alors que celle d’une grande EPE est de 12 à 18 mois. Le fait nouveau dans la conduite de ce processus est en rapport avec la résolution du CPE d’accorder des facilités de paiement aux opérateurs nationaux désirant racheter des entreprises publiques.
En effet, selon Abdelhamid Temmar, le Conseil des participations de l’Etat a donné son accord pour que cette catégorie de repreneurs ne paient que 30% cash du montant de la cession. Les 70% qui restent le seront sur une période de 5 ans. Une formule qui devra forcément encourager le partenariat public-privé. Selon nos informations, la réflexion sur la manière d’aider les privé nationaux à racheter des EPE a été engagée il y a déjà un moment. Deux solutions avaient, alors, été formulées.
En plus de l’option de facilitation de paiement, certains avaient proposé le recours à des crédits bancaires. Mais, et suite aux scandales que connaît la place financière et bancaire, l’on a, en fin de compte, privilégié la première formule.
Quant à la participation étrangère dans ce processus, l’invité de l’ENTV a décidé d’aller à sa recherche: «nous n’attendons pas qu’ils viennent, c’est nous qui allons chez eux», dira-t-il. C’est dans ce cadre qu’il fait la tournée depuis des semaines dans des capitales, notamment européennes, où il a rencontré des opérateurs et de potentiels repreneurs.
Sur le bilan des privatisations, Abdelhamid Temmar a indiqué que de 2003 à 2005 il a été enregistré 67 opérations de privatisation totale, 22 privatisations partielles, 60 opérations de cession aux travailleurs et 18 opérations de partenariat. La recette de ces actions est de 57 milliards de dinars, les investissements sont de l’ordre 91 milliards de dinars et le montant de la dette reprise par les acquéreurs est de 25 milliards de dinars. Ces opérations ont permis, selon le ministre, la préservation de 12.000 emplois et la création de 7.000 nouveaux postes.
Sur le chapitre des IDE (Investissement direct étranger), le MPPI relève l’intérêt de plus en plus accru des investisseurs étrangers au marché algérien. De 2001 à 2005, le montant des IDE a atteint les 3 milliards de dollars pour une création de 16.000 emplois. «7 autres projets sont en discussion et 24 autres en négociation», a déclaré Temmar sans plus de précisions. Et pour conclure, le MPPI annonce son prochain livre sur la manière «extraordinaire» avec laquelle l’Algérie «recycle sa manne pétrolière» depuis 2000. En tout, indique-t-il, ce sont pas moins de 100 milliards de dollars qui sont investis par l’Etat.
Ghania Amriout